Cela faisait plusieurs semaines que je n'avais pu assister à un concert en vrai. Vendredi dernier, nous sommes allés écouter le violoniste Christian Tetzlaff à l'Opéra de Nice, accompagné par l'Orchestre de la Ville. Au programme: le co pour violon de Brahms et la 4eme de Tchaikovsky. Programme romantique.
Le violoniste a déployé un jeu solaire, mais tout en nuances (magnifique musicien). L'orchestre de Nice n'a pas ménagé ses efforts pour lui offrir un bel écrin (ce qui n'est pas toujours le cas).
Nous étions placés dans l'une des loges du rez de chaussée, un peu au dessus de l'orchestre, à une douzaine de metres du chef. A L'opéra de Nice, je truove cette disposition meilleure que le parterre ou l'on est en dessous de la scène, et ou l'on perd en perception des détails, avec des basses parfois trop envahissantes.
J'ai écouté, comme d'habitude, une bonne partie du concert les yeux fermés. A nouveau, je me rend compte que l'on fantasme l'idée de l'image sonore. Là ou les CR de chaines hifi nous parlent de plans au scalpel en profondeur, de détourage des pupitres, etc..., le direct nous met en présence d'une masse organique dans un espace. Les cuivres ne sont pas tout là bas au fond mais semblent sur le meme plan parfois que les cordes. C'est l'homogénéité, la sensation de densité et de volume qui prévalent . Je soupçonne que beaucoup d'enregistrements renforcent artificiellement l'impressions de plans très différenciés, au détriment de la perception d'un volume, d'un tout.
Comme c'est bon de se recaler les oreilles avec du
vrai
Comme j'en ai pris l'habitude, je me suis équipé de mon sonomètre avec l'idée de relever les niveaux moyens et cretes, afin de les connaitre d'une part, et de savoir s'il était possible de les "faire passer" à la maison sur la chaine.
Pour Brahms, il y avait environ 65 musiciens sur scène. En dehors des pianissimi, j'ai évalué un niveau moyen autour de 83-85 dB, avec des cretes qui flirtaient parfois (rarement) avec les 98-100 dB.
Pour Tchaikovsky, le nombre de musiciens augmente, et le niveau moyen aussi: 85-90 dB. Les cretes atteigent facilement 100 dB voire un peu plus.
De retour chez moi, sur Brahms, j'ai calé un niveau moyen à peu pres comparable à ce que j'ai relevé dans la salle (enregistrement B. Neveu). Le constat, c'est que ça passe sans problème, sans aucune agression sonore

. Le concerto, avec tous ses tutti s'écoule pour la deuxième fois ce week end, sans jamais avoir envie de baisser le volume (nous sommes 5 dans la pièce).
Malheureusement, l'enregistrement de la 4eme de Tchaikovsky que je possède (Teldec) est très coloré (médium en avant), mon impression est donc moins bonne, mais les cretes à plus de 100 dB passent sans problème. Ma femme est là, elle ne râle pas face au volume sonore déployé (35 m2).
Conclusions de cette expérience:
1) Celle-ci prouve mesures à l'appui, que l'écoute à niveau réaliste n'est pas une limite dans un salon normal, contrairement à ce qui est clamé (sans vérification) régulièrement ici et là, et ceci meme sur un programme symphonique.
2) Encore une fois, les Goeland se montrent aptes à reproduire l'évènement sonore dans toute son ampleur sans créer de frustration. Au concert, je me disais "mon système peut reproduire ça"; et de retour chez moi, l'écoute sur les enceintes n''engendrait aucun manque, à l'exception de la largeur de la scène qui était plus vaste au concert.....mais seulement lorsque je sortais la tete du cadre de la loge

La seule limite ici pourrait donc etre levée par la multiplication des canaux. CQFD.
POur rappel, les Yawl me laissaient sur ma faim dans le registre extreme grave sur un programme de musique orchestrale.
J'ai un peu le vertige lorsque je me rend compte que ce niveau de réalisme est atteint avec des vieilleries qui ont plus de trente ans. Le protocole de mise au point des enceintes basés sur la Live Musique cher à G. Cabasse avait sans doute du bon pour réaliser des modèles indémodables.
Dans quelle mesure les nouveaux modèles, toutes technologies et marques confondues...lavent-ils plus blanc que blanc? Une question à creuser....
Pour les lecteurs occasionnels, ma chaîne se compose d'une vieux lecteur Sony SCD555ES (2000), d'un encore plus vieux pré ampli Yamaha CX1 (1989?), et de paléontologiques Goéland M4 (1982-86).
Au plaisir de lire des CR d'expériences comparables
