
Ces enregistrements en stereo d'intensité sont très loin de ce qu'on peut atteindre chez soi, sur plein de critères. Pour n'en citer qu'un, la dynamique! il suffit de mesurer avec un sonomètre le niveau qu'on atteint sur les pointes avec un violoniste ou un guitariste (folk) chez soi pour se rendre compte que les enregistrements "standards" ne peuvent prétendre à l'illusion de réalité: en cause la compression, mais pas seulement! Malheureusement, nous nous sommes habitués à considérer ces enregistrements comme des références au quotidien.
A force d'analyser mes impressions entre le concert et la chaine, ma conviction c'est que la Haute Fidélité n'a ni pour but d'introduire les musiciens chez nous, ni de nous transporter dans la salle de concert. Ce que l'on peut espérer de mieux, c'est de transporter notre salle d'écoute devant l'évènement sonore. La frontière des micros (=enceintes) est celle de la transition entre les deux espaces.
Deux impératifs pour réussir ce tour de magie:
1- Une prise de son qui va "cadrer" le front sonore de la meilleur façon pour possible pour rendre sa diffusion compatible avec une salle d'écoute. Le but étant de capter ce front d'onde au bon endroit pour ensuite le laisser se propager chez nous.
2- Une salle d'écoute agréable, sans défauts marqués. On évitera le couloir et la salle de bain

L'acquisition d'enceintes et d'amplis suffisants est bien la partie la plus simple (surtout lorsqu'on connait la marque Cabasse

Les résultats obtenus de cette façon sont d'un niveau de qualité qu'on ne peut soupçonner avant d'avoir joué le jeu de A à Z. L'impression d'espace, d'air, de puissance, de proximité ressentis est sans commune mesure avec ce qu'on a coutume d'entendre avec des systèmes standards, même s'ils sont très chers (j'y inclus bien sûr l'enregistrement).
J'ai vécu cela au cours des ces dernières années (= retour chez G. Cabasse en suivant bêtement les recommandations) et cette expérience a singulièrement augmenté mon niveau d'exigence. Les enregistrements comparables à l'exemple de "C'est magnifique", et que je tenais il y quelques années pour des enregistrements de référence (je les ai toujours) me paraissent aujourd'hui totalement artificiels.
Il faut écouter l'un après l'autre un album de San Severino et un ensemble Manouche enregistré par BNL pour comprendre ce qu'illusion de réalité signifie.
J'en suis arrivé à la conclusion qu'artistes, ingénieurs du son et producteurs considèrent comme acquis la nécessité de fabriquer des miniatures pour satisfaire aux pires conditions. Malheureusement, depuis le temps que ça dure, le public s'est habitué. Et il suffit d'avoir un son "propre" (en comparaison avec les craquements du vinyle et le souffle de la minicassette) pour que tout le monde soit content

*:Je considère le critère WAF (ou AAF) comme négligeable: je connais en effet des Audiophiles qui mettent des sous dans un système, sans être prêts à consentir à un placement adéquat des enceintes ou à un aménagement minimal de la pièce. L'AAF est somme toute bas
