Je n'ai pas vraiment de problèmes avec les productions électroacoustiques tant qu'elles sont agréables (Pink Floyd par exemple). Et même en ce qui concerne Truffaz, pourquoi reprocher le manque de dynamique plutôt que l'image, ou les timbres? Puisque c'est assumé, qu'il n'y a pas de réalité dans ce type de production, tout est envisageable. (par contre, c'est bien d'avoir réagi en tant que mélomane pour dénoncer les abus: on devrait tous le faire, ou bien râler sur les fora).
En ce qui concerne la HiFi, elle justifie parce qu'elle permet en principe au mélomane de renouveler une expérience sonore chez lui au plus proche de la réalité. Cela concerne bien sûr la musique naturelle.
Dans ce contexte, ce n'est pas au preneur de son de décider à priori, et à la place du mélomane ce qui doit être privilégié chez lui. Le coup de projecteur sur le soliste pour l'un (qui sert peut être à masquer l'incompétence pour proposer une image naturelle), la compression de dynamique pour l'autre, l'ajout de reverb artificielle pour "sonner grand", l'hyperfocalisation sur les détails, l'utilisation de micros colorés, etc....Tous ces artifices trouveront une justification: gain de temps, mode, lubie du producteur qui veut un son "vinyle": absolument tout peut se justifier à partie du moment ou l'on accepte de ne plus coller à la réalité.
Mais est ce que les choix indélébiles qui seront faits lors de la prise de son conviendront toujours à tous et sur le long terme? Est ce que cela a forcement été le choix de l'artiste (ce qui permettrait, dans une certaine mesure, et encore, de le justifier)? C'est loin d’être prouvé.....
Comprenez que mon propos n'implique pas l'écoute 1:1 dans tous les cas le figures, et que je suis pret à compenser au coup par coup chez moi les prises de son de gros effectifs prises de trop près: c'est exactement de qu'Ubu rappelle en citant l'interview de GC. L'électronique est si souple qu'elle permet d'adapter tout ce qu'on veut à la maison, en attendant d'avoir un jour une grande chaine dans une pièce immense pour écouter Mahler comme il faut (il ne faut jamais cesser d'espérer!).
Le second problème, c'est que l'accumulation des compromis effectués pour sacrifier aux contraintes changeantes "des marchés de la consommation des biens culturels empêche les progrès significatifs. Tant que l'on triturera les prises de son de musique naturelle pour compenser les déficiences des installations pourries à 2 canaux (baladeur et audio embarquée), ou satisfaire le gout des Ingé/son et des producteurs, on empêchera les véritables progrès, ceux qui permettront de faire exploser les limites induites par la pauvreté de nos 2 pauvres canaux que nos pièces domestiques compensent comme elles peuvent dans le meilleur des cas.
Lorsque je constate le potentiel technique de petites enceintes très logeables (telles que les Muraro, par exemple, dont nous avons discuté récemment), et la souplesse offerte par la technologie aujourd'hui pour mettre en oeuvre à la maison des systèmes à 4 canaux (restons modestes) compatibles avec la LM , je me demande pourquoi le temps s'est arrêté. On dit qu'on n’arrête pas le progrès, et bien l'audiophilie semble avoir réussi ce prodige*.
Malheureusement, l'audiophilie ne s'arrete pas aux matériels. Elle touche aussi les "inge son" et les producteurs. L'équation 2 oreilles = 2 enceintes, c'est un peu comme une condamnation à la perpétuité.
J'ai eu la chance de pouvoir comparer la même prise de son à 2 et 4 canaux (selon Huygens bien sûr). La plus value de cette dernière configuration est telle qu'aucun "coup de projecteur" ne serait plus jamais nécessaire pour définir la présence du soliste et sa perspective vraie face à l'orchestre; Ca existe, ça ne couterait pas très cher en matos, et ça pourrait etre WAF (4 enceintes discrètes vs 2 grosses).
Tant pis pour nous si on préfère laisser des gens barbouiller la musique.
Mes propos sont plus "engagés" que ma vie quotidienne de mélomane, que l'on se rassure; mais si la notion de "fidélité à l'original" va de soi, les moyens pour l'atteindre ne peuvent à se limiter à la chaîne, sinon la "HiFi" n'a pas de sens (pas de but en fait). Je pense que le sujet des prises de son, anecdotique, voire décoratif, dans la plupart des discutions 'Hifi" devrait avoir toute sa place.
J'ai noté chez un petit label classique élitiste (du point de vue de la qualité: micros droits, respect de la dynamique, etc..) dont le nom m'échappe une idée intéressante: les enregistrement sont dispo dans 2 versions. Le CD avec le maximum de qualité, et un mixage destiné à l'écoute sur des appareils embarqués. Voilà des gens qui ont compris que "la compatibilité" n'était pas possible. Bravo! Pourquoi ne pas prévoir aussi une captation doublée pour écoute sur enceinte, et une autre spécifique, pour le casque? Cela a été proposé par le passé (DG et Sony). Ca montre que les "compromis" finissent par déranger les gens sérieux!
*L'audiophilie a fait encore plus fort: remonter le temps en relançant le pressage de 33t, et la création d'une niche autour de cela. Incroyable. Est-ce que cela est plus insensé que de militer pour des enregistrements les plus "grandeur nature" et les plus neutres possible?
