Je découvre ce fil et je vais essayer de répondre directement à la question posée par Ubu.
D'un point de vue général, faisons simple: écouter un disque, c'est au fond se consoler de n'avoir pu assister au concert en direct. Ou bien de retrouver l'experience de ce concert une deuxième fois, que l'on soiten pleine forme, atteint d'une otite, triste, pas récepteif ce jour là ou aveugle. Si je demande à la technique de m'aider à y assister en différé, la première idée qui me vient est de disposer d'une chaine de reproduction la plus fidèle possible.
1)la fidélité est pour moi le moyen le plus direct de profiter de la musique sur le long terme. Si mon objectif est de me rapprocher de l'évènement musical enregistré, la chaine qui "touchera" le moins possible au son enregistré aura le plus de chance de me séduire. Je peux éventuellement me lasser d'une chaine agréable et colorée, pas d'une chaine fidèle et transparente. ex: le son était bien plus uniforme (= toujours une même "couleur" très séduisante) avec mes anciennes mulidine qu'avec les Yawl qui produisent des scènes sonores très différentes d'un enregistrement à l'autre. Un chaine fidèle a plus de chances de me rapprocher de l'expérience du direct qu'une chaine colorée.
2) La notion de fidélité dynamique et de niveau réaliste sont importants à mes yeux. Retrouver le réalisme et la violence parfois de la performance instrumentale représente donc une expérience privilégiée. Ex: J'ai écouté recemment Nelson freire au 3eme rang dans les co de Chopin. Les violence des attaques me faisait parfois cligner des yeux par réflexe. Les Yawl associées aux AM1000 permettent de reproduire cela. Parvenir à cette amplitude dynamique chez moi est primordial pour retrouver l'expérience physique du concert.
3) J'ai été séduit par la reproduction sonore très jeune (7 ou 8 ans?), bien avant de m'interesser à la musique. La quete de réalisme a commencé lorsque mes parents ont acheté un magnétophone. J'ai eu l'occasion de comparer des appareils qui déformaient affreusement les timbres de voix avec d'autres qui étaient bien plus fidèles, j'étais fasciné par les différences et la technique derriere tout ça, sans toutefois comprendre quels étaient les concepts essentiels. Bien plus tard, j'ai découvert Cabasse (un guide "Reflexions" qui contenait les fiches de l'ensemble de la gamme). J'ai été séduit par la simplicité de l'objectif, la rigueur de la démarche, et la qualité des enceintes.
Aujourd'hui, ce cheminement m’amène à tenter de reconstituer une loge (ma pièce) qui s'ouvre sur l'évènement sonore (ouverture délimitée par les enceintes): loge de concert ou d'opéra, piece ouverte la rue ou joue une fanfare, voire un marteau piqueur, cabane de foret grande ouverte devant laquelle le bucheron manie la tronçonneuse
Je pars donc du principe que la chaine la plus fidèle sera la plus efficace pour atteindre cet objectif. La démarche pour y parvenir est parfois délicate, contraignante mais toujours passionnante et permet de se détacher du matériel assez rapidement pour s'occuper de la loge (alors que "l'audiophilie" est aliénante de par sa subjectvité en dehors de toute référence). Elle n'est pas sans rapport avec une démarche scientifique, ce qui me plait aussi.