Pour info, on trouve ce disque pour rien et en intégral s'il vous plaît dans une compil 5 Cds spécial Gainsbourg sortie il y a quelques mois ("Les 100 plus belles chansons de Gainsbourg")
c'est un album incontournable et il n'a pas réellement fait mieux depuis (le rôle de l'orchestrateur Jean-Claude Vannier a été primordial sur ce disque et leur tandem n'a jamais été remplacé après leur séparation au milieu des années 70)
on trouve aussi toutes les vidéos de l'album sur youtube (de superbes clips très créatifs qui passaient à la télé à l'époque, à ne pas louper ! il y a des tas de clins d'oeil à la peinture et au cinéma) :
Parmi tous mes disques cultes, et il y en a! «wheels of fire" des Cream!! et Réglisse en 2007 qui parlait des rhytmes de Time Out de Dave Brubeck, voila le texte de la pochette française du vinyl:
FLANERIE HORS TEMPO
Si d'aventure quelque martien sans préjugé venait sur notre terre et voulait se
faire une idée de notre musique, il pourrait jouer dix mille disques de jazz avant
d'en rencontrer un qui ne soit à quatre temps. Si l'on considère l'évolution du jazz dans tous les autres domaines, sauf celui de la mesure, cela donne à réfléchir. Les pionniers de la Nouvelle Orléans surent se libérer rapidement des tons faciles comme le Sib. Des musiciens comme Coleman Hawkins apportèrent un nouveau chromatisme au jazz. Parker, Dizzy et Monk en élargirent encore l'harmonie. Duke Ellington lui donna une architecture et une grande richesse de couleurs tonales. Et cependant, au point de vue rythme, le jazz n'a pas évolué. Pratiquement né au milieu des fanfares et des parades de la Nouvelle Orléans et alors que les airs vibrants de la guerre civile se chantaient encore dans le Sud, la musique de jazz fut liée au gauche droite, gauche droite des pieds en marche. Dave Brubeck, précurseur dans tant d'autres domaines, est vraiment le premier à explorer le champ vierge des rythmes complexes. A vrai dire, quelques musiciens comme Benny Carter et Max Roach expérimentèrent avant lui le rythme de valse dans le jazz. Mais Dave poussa plus loin les choses en utilisant des rythmes encore moins courants, allant jusqu'à se servir d'un rythme en contrepoint d'un autre. Cet album est le résultat de ses expériences. A la base, c'est une synthèse de trois cultures : la rigueur formelle de la musique classique, la liberté de l'improvisation dans le jazz et la pulsation souvent complexe de la musique folklorique africaine. Brubeck utilise même, dans le premier morceau, un rythme folklorique turc.
Blue Rondo à la Turk (18.8.59) plonge directement dans une mesure très éloignée
de celles utilisées habituellement dans le jazz : 9/8. Le 9/8 n'est pas employé sous
la forme usuelle de 3.3.3 mais 2.2.2.3. Quand la brillante introduction cède la place
à un rythme jazz plus familier, les trois croches sont assimilées à une noire et le 9/8
alternant avec le 4/4 amène un beau solo de Paul Desmond. Dave suit avec une
élégante modulation en « block-chords » caractéristique de son style, et Rondo à la
Turk devient très rapidement un blues trépidant. Plus loin, la tension retombe délibérément pour permettre à Paul de faire sa rentrée et la reprise des rythmes à 9/8 et à 4/4 alternant toutes les deux mesures annonce le retour du thème. Le morceau est en forme de rondo classique.
Strange Meadow Lark (1.7.59) débute avec Brubeck jouant rubato avec des harmoniques à la tierce et à la quarte et bien que la phrase ait une longueur inusitée de
dix mesures, le jeu de Dave, subtilement accompagné par Eugène Wright et Joe Morello, est d'un bout à l'autre simple et expressif. Meadow Lark se poursuit par un solo de saxophone nostalgique et rêveur de Paul Desmond.
Take Five (1.7.59) est une composition de Desmond à 5/4, l'une des mesures les
plus difficiles de la musique, aussi bien pour l'exécutant que pour l'auditeur. Conscient
de la facilité‚ avec laquelle l'auditeur peut s'égarer dans un rythme à cinq temps,
Dave joue tout au long du morceau un accompagnement qui revient continuellement
Même pendant le solo de batterie de Joe Morello. Il est intéressant de voir comment
Morello se libère peu à peu de la rigidité du rythme à 5/4 inventant des motifs
rythmiques compliqués et souvent extraordinaires par-dessus ceux du piano. Et contrairement à toute prévision, peut-être même celle du compositeur. Take Five swingue réellement. A première vue, Three to get ready (25.6.59) semble être une simple valse en do majeur à la manière de Hayda. Mais très vite le thème commence à osciller entre le 3/4 et le 4/4 et le schéma rythmique devient clair : deux mesures à trois temps suivies de deux mesures à quatre. C'est une figure rythmique qui convient merveilleusement à Dave Brubeck : son solo dans ce morceau est un des grands moments de ce disque. Kathy's waltz (25.6.59) (dédié à la fille de Dave) commence à quatre temps, tombant seulement plus tard dans un rythme rapide de valse. Comme dans le célèbre Someday my prince will come, Dave commence à trois temps puis tombe dans un 4/4 lent et swinguant. Théoriquement, c'est comme si les trois temps de Morello cessaient d’être le rythme de base et devenaient des triolets dans une mesure à quatre temps très lente. Wright avec une note par mesure faisant le lien constant entre le piano et la batterie. L'auditeur qui comprend et suit exactement la superposition de ces deux rythmes peut se féliciter de partager avec le quartet de Brubeck un sens éclairé du rythme. Même les pieds sont inutiles pour suivre une expérience rythmique d'une telle complexité. Everybody's Jumpin' (25.6.59) commence sans aucun sentiment précis de la tonalité, mais avec une impression vague de mesure à 6/4 et un rythme bien accentué. Le bref solo de batterie de Morello montre à nouveau les superbes couleurs sonores qu'il peut tirer d'une batterie. Avec Pick up Sticks (18.8.59), la suggestion précédente de mesure à 6/4 devient une certitude. Comme si souvent dans les expériences rythmiques de Brubeck c'est la partie de contrebasse qui sert de guide à l'auditeur. Cette fois-ci Eugène Wright joue un motif de six notes par mesure : un passa caille qui sert de base à l'architecture de ce dernier morceau. Le meilleur moment de Pick-up Sticks se trouve près de la fin dans un moment ou le piano entraine tout I'orchestre. Voici du meilleur Brubeck. En bref Time Out est une première expérience qui risque d'être considérée mieux qu'une flèche pointée vers l'avenir. Quelque chose de formidable vient d'être tenté‚ et réussi. La toute première flèche a tapé dans le mille. Steve Race
Réglisse, ils t'on dédicacé In Rock, les Deep Purple, en personne ?!!
Quand j'étais petit, c'était mon disque préféré que je piquais à mon papa, je passais l'album à fond sur la chaine de mes parents. L'orgasme musical :)