Les systèmes de stéréophonie à plus de deux canaux

De Forum Cabasse
Révision datée du 2 février 2018 à 01:16 par Scytales (discussion | contributions) (Le témoignage de Bernard Neveu)
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Présentation du document

Le catalogue Cabasse de 1972 contient un intéressant document qui expose le principe d'une reproduction stéréophonique sur plus de deux canaux, en l’occurrence quatre canaux (ce qu'il sera convenu d'appeler la quadriphonie ou quadrophonie pour les Allemands). Ce document mentionne également des expériences de reproduction menées dès la fin des années 50 sur un nombre de canaux encore supérieur.

Le preneur de son Bernard Neveu nous relate ses souvenirs de cette époque liés aux expériences de prise de son et de reproduction en multicanal menées par Cabasse.

Document

Avril 1971

Grand merci à Philippe 29

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Le témoignage de Bernard Neveu

M. Bernard Neveu nous a aimablement fait part de ses souvenirs de la rédaction de cet opuscule avec Georges Cabasse :

« Je me souviens fort bien de cet article dont nous avions débattu ensemble, Georges et moi.

Aujourd’hui, à l’exception du principe, qui est immuable sauf quant à la disposition des haut-parleurs et microphones, c’est largement dépassé, puisque les moyens actuels permettent à tout un chacun d’adjoindre à n’importe quel ordinateur personnel une carte son multicanale à prix très abordable permettant la lecture des fichiers 4 ou 6 canaux tels que vous les connaissez. Ces fichiers peuvent être achetés par téléchargement.

Ce qui bloque aujourd’hui la diffusion de ce mode d’écoute fabuleux est deux deux origines :

- le coût supplémentaire du matériel adapté ;

- et surtout le local idoine pour en profiter pleinement sans déclencher les foudres de la maîtresse de maison ! Il est vrai qu’un intérieur Louis XV s’accommode mal de la présence de ces monstres.

Quant à l’expérience de l’enregistrement en 8 canaux, je m’en souviens comme si c’était hier. Georges disposait à l’époque d’un énorme Ampex 8 pistes travaillant sur bandes 1 pouce qui lui avait été confié pour une mise au point. L’un des essais, le plus concluant auquel nous nous sommes livrés, était l’enregistrement dans un temple à St-Germain-en-Laye de la chorale dirigée par mon beau-frère, Jacques Gommier (le mari de Marie-Claire Alain). Je ne vous dis pas la somme de matériel utilisé : 8 perches de microphones, 8 microphones (Schœps omnidirectionnels), 8 câbles, 8 amplificateurs de 100 W, 8 haut-parleurs (je ne me souviens plus du modèle). Quelques jours après, nous nous sommes retrouvés tous les deux à Lagny, dans une propriété appartenant à ses beaux-parents, où, sur une immense pelouse, nous avons tout installé. Ni lui ni moi n’avions jamais entendu une restitution aussi criante de réalisme. C’est probablement ce qui a conduit à la Pentaphonie dont les démonstrations ont été faites au Festival du Son durant de nombreuses années. Malheureusement, cela devait se limiter à une expérience de laboratoire.

Le premier test de live-music a eu lieu environ deux ans auparavant (peut-être trois) dans l’amphithéâtre de la Maison de la Chimie à Paris. Sur scène, un orchestre de jazz, presque big band (Était-ce Claude Bolling ? Je n’en suis plus certain), deux enceintes genre Brigantin ou ENC 40, là encore je titube car je n’avais pas participé à la mise en place du dispositif et, bien entendu, 2 Schœps omnidirectionnels.

Je crois vous avoir d’ailleurs raconté la conclusion cocasse d’un des médias présents : dans l’exécution de certains morceaux, tous préalablement enregistrés, il était convenu qu’à peu près au milieu, c’est la bande qui remplacerait l’orchestre. Dans l’une d’entre elles, au moment convenu, les musiciens ont déposé leurs instruments et se sont mis à lire le journal. L’article publié avait noté que c’était très édifiant mais qu’effectivement on pouvait percevoir une petite différence au moment de la transition : l’orchestre avait seulement fait semblant de jouer ; c’est l’enregistrement qui avait défilé.

Par la suite, j’ai eu l’occasion de participer à une autre expérience à Brest, dans un théâtre, mais nous n’avons pas refait la farce. Puis ont suivi toutes les démonstrations dans de nombreux salons auxquels je participais.

Il ne faut pas oublier de rappeler les noms de ceux qui – mise à part ma modeste contribution – ont été les acteurs et techniciens de ces réalisations : notamment François Bellec, le chef du labo, et Philippe Muller.

Prenons bien garde de ne pas conclure de mes relations amicales et professionnelles avec Georges Cabasse (plus de quarante années), je puisse être « le geai qui se pare des plumes du paon » de La Fontaine. J’entends rester d’une modestie exemplaire à côté de ce grand homme. »


Bernard Neveu est preneur de son et compagnon de route de G. Cabasse depuis la fin des années 50. Il est le réalisateur des prises de son utilisées lors des démonstrations Cabasse aux différents Salons du Son auxquels il a participé jusqu'en 1995. Il a fondé les labels BNL et Syrius.

Source: oso