Histoire de vous proposer un vaste mouvement de synthèse englobant quelques films chroniqués récemment (Everest et l'étreinte du serpent), j'ai regardé ce documentaire filmé en 1924 lors d'une tentative de M. Mallory d'atteindre le sommer de l'Everest. Avis mitigé pour ma part car en réalité ce qui est intéressant dans ce documentaire, ce n'est pas ce que l'on est venu chercher. C'est à dire que les moyens techniques de l'époque et peut-être une pudeur d'alors, nous frustrent de nos velléités voyeuristes. Pas de scène de tempêtes, pas de morts visibles, pas de mains ou de pieds gelés filmées en gros plans. Pour tout dire, les morts sont annoncées pour les premières par un intertitre (le film est muet) et pour les secondes par un zoom de la caméra à plusieurs kilomètres où l'on voit des petits personnages d'un cm de haut à l'écran, perdu sur le flanc de l'Everest, étendre leurs couvertures sur la neige pour former avec elles une croix. L'intertitre explique alors : "c'était le signal convenu : ils étaient morts". Fermez le banc ! L'indicible ne se montrera pas.
La première partie du documentaire nous donne en revanche quelques éléments techniques sur l'organisation de l'expédition et sur l'équipement rudimentaire de ces pionniers. Pas de gore-tex, de sac à dos en polyamide à cette époque. Les alpinistes semblent habillés de tweed et de culottes de golfeur pour affronter l'Everest. Les Sherpas portent à près de 6000 mètres d'altitude de méchantes caisses en bois sur leur dos. Assez effarant, je dois avouer. Et puis il y a cette procession de 500 hommes et bêtes de somme qui avancent en file indienne. L'effet est saisissant. Tout cette débauche de moyens pour que seulement deux hommes puissent atteindre le sommet !
Enfin, il y a les témoignages anthropologiques sur les tibétains du début du 20° siècle. Leurs danses, leurs rituels, leurs vêtements, leur architecture et leurs monastère perchés dans des endroits invraisemblables.
Quel dommage que ces deux derniers points ne soient qu'à peine effleurés.
En conclusion, on est à la fois fasciné par les quelques rares images qui nous transportent un siècle en arrière, et à la fois frustrés par la pauvreté des analyses et du commentaires.