Les premiers pianos droits Yamaha datent de 1900 et leurs premiers pianos à queue de 1902. C'est plus récent que Steinway mais cela fait tout de même 113 et 115 ans. Après plusieurs générations de dirigeants, de luthiers et d'ouvriers dans les deux marques, on peut désormais oublier l'antériorité de Steinway pour justifier la différence entre ces deux marques. Même en l'imitant depuis si longtemps, Yamaha court toujours derrière. Il fait mieux sur certains critères, là où la technique rationnelle l'emporte: c'est précis, stable, le clavier est une réussite mécanique, le son est toujours bon, mais Steinway fait toujours de meilleurs pianos dès que l'on parle de possibilités expressives. Un Steinway n'est pas à mettre entre toutes les mains, il est beaucoup plus délicat et difficile à jouer (ça me fait penser à une certaine marque d'enceintes). On dit: "100 pianistes = 100 Steinway". Aucune autre marque de piano n'atteint le même taux d'occupation des salles de concert. Pour le studio, je n'ai pas eu le choix: ce fut Steinway D, le seul que tout le monde accepte de jouer. Les autres marques sont anecdotiques. Je me souviens d'un enregistrement réalisé à la salle Cortot pour une compagnie japonaise de télévision. Les japonais m'avaient demandé d'enregistrer le Yamaha de la salle mais, dès qu'ils eurent le dos tourné, les pianistes retenus pour la session on demandé de changer pour l'un des deux Steinway.holggerson a écrit :En matière de fabrication de piano, Steinway possède un siècle d'expérience supplémentaire par rapport à Yamaha. Il fait peu de doute que le japonais a tenté d'imiter, à partir de la fin du 19ème siècle, des savoir faire nés en Europe au moins deux cents ans plus tôt, avant d’être diffusés aux Etats-Unis.
En matière d'électro acoustique, le contexte est très différent. L'évolution de ce domaine de compétences s’est déroulée de manière connexe sur différents points du globe. Depuis l’origine du concept, ici et là-bas, des techniciens ont conçu à leur façon, des systèmes de reproduction sonore plus ou moins fidèles. Dans ce registre de la connaissance, on ne peut pas affirmer que les européens ont possédé, à un moment ou à un autre, une réelle avance sur les japonais.
Une enceinte "haute-fidélité" n'est surtout pas un instrument mais il y a des parallèles.
Si l'évolution dans le domaine des compétences électroacoustiques s'est déroulée de manière connexe sur différents points du globe, il reste beaucoup de choses à régler (dans le sens le plus élémentaire du terme). Reproduire un message très imparfait avec un matériel parfait (imaginons cela) ne résout rien, au contraire, ça ne fera que mettre en vedette les points faibles de la stéréo et de l'environnement. Plus que jamais, il faut savoir composer avec la nature; la reproduction sonore représente encore et toujours un art humain du compromis.
La stéréo remplit des pages et des pages d'ouvrages, notamment dans le journal de l'AES; on pourrait penser que l'on a fait le tour de la question, eh bien non ! Aucun consensus n'a été trouvé pour l'enregistrement et chaque preneur de son a sa propre personnalité, presque reconnaissable. Pourquoi ? Parce que la stéréo est imparfaite et que le "know how" reste une composante fondamentale du résultat, comme pour la photo. Aujourd'hui, si on fait une photo floue, c'est que l'on est un sacré manche mais la netteté ne fait pas systématiquement une bonne photo... AB; AB large; XY; Blumlein, ORTF; NOS; Decca Tree; MS, OSS... toutes ces techniques n'utilisent que deux micros et aucune ne fait l'unanimité. Le but, quand on enregistre est de choisir la disposition et la directivité qui nous conviennent le mieux. Pour la reproduction, c'est exactement la même chose.
Même si je dispose d'un enregistreur depuis 1965, je considère que j'ai fait l'essentiel de ma formation de preneur de son avec Bernard Neveu depuis 32 ans (1983) et cela continue car nous nous parlons quasiment tous les jours. Notre technique est commune et notre équipement souvent identique mais pas les résultats. Je ne saurai jamais faire du Neveu aussi bien que lui et lui aimerait réaliser certains enregistrements comme je le fais. Le progrès n'y peut rien.
Les enceintes doivent reproduire de la stéréo dans un environnement inadapté et jamais identique d'un acheteur à l'autre. Comment voulez-vous que l'on parvienne à un consensus technique et acoustiques dans ces conditions. Du coup, n'importe quoi fonctionne plus ou moins bien et s'appuie sur une raisonnement imparable, reprenant les mêmes arguments que tout le monde pour aboutir à un produit très différent; cela vaut pour les égalisations qui ne valent que par le talent de celui qui les met en œuvre. Confiez-les à plusieurs techniciens et mémorisez les résultats avant de les comparer. Ici, pas besoin d'ABX tant les écoutes seront différentes.
On peut concevoir un reproducteur sonore en ne faisant appel qu'à la mesure et beaucoup le font aujourd'hui, d'où un ensemble de produits que je trouve de plus en plus aseptisés et frustrants à long terme car, qui peut prétendre avoir tout résolu ? Trop d'options se présentent que la mesure ne résout pas de façon satisfaisante, à commencer par une question simple: comment faire pour reproduire correctement un message appauvri par la stéréo... ? Chaque marque, chaque ingénieur peut avoir un bout de la réponse.
Avez-vous remarqué que dans le domaine de l'enceinte, il y a de plus en plus de monde dans les labos. Normal, c'est de plus en plus pointu et un seul homme n'y suffit plus (ils sont 27 chez B&W).