Eloge de la gamme "tout dôme" (Caravelle, Corvette, etc.)

[Fredaxis]

Ce sujet est passionant, Dom, surtout ne rien raccourcir !
Bravo

[pascal.bessiere]

Et bien, le reptile n'est pas du tout dérangé par les vibrations. C'est tout ce qu'il perçoit, puisqu'il n'a pas d'oreilles...


Sinon pour en revenir aux Caravelles, elles peuvent être utilisées seules. En effet, avec un ampli de mini-chaîne qui dispose d'un effet "bass-boost" réglé au mini (ou un compensateur...), le résultat est qualitativement très satisfaisant, voir bluffant. En fait, j'aime beaucoup cette association, pour une écoute en stéreo sans déranger les voisins, le compromis est parfait. Mais bon, quand on repasse sur un système qui envoie du lourd, on se rend compte qu'on roulait avec le frein à main...

Comparativement, les Corvettes ne peuvent assurer en solo, mais en association avec un bon caisson, on est pas loin du très haut de gamme de l'époque. J'ai testé d'ailleurs entre Caravelle et Corvette en voie centrale, et je préfère la Corvette... De plus, elles sont légères, maniables, et de dimensions idéales : les plus polyvalentes pour les besoins actuels et mes préférées.

Pour le caisson, je conseille de bien le choisir en fonction de la fréquence minimale de relai avec les enceintes (ou de la fréquence maximale à reproduire par le caisson) . Par exemple un 30 cm sera parfait pour des Corvettes, et un 36 cm pour des Caravelles, pas plus grand à mon avis. En effet, un 55 cm ne sera pas à l'aise au-dessus de 40 Hz, j'ai testé, c'est pas fait pour ça.

Bon, ne faisons pas trop l'éloge de cette gamme, elles vont être encore plus dures à dénicher !

[maureljoe]

La suite du "tout dôme" Dom !!!

[Dom]

Comme c'est gentilment demandé, voici la suite.

Le correcteur actif (nommé Active compensator par Cabasse) est un filtre paramétrique mono bande de type "shelve LF" à 2 canaux, normalement affectés aux voies L et R d'un système stéréophonique. En d'autres termes, l'action de ce filtre est de produire du gain sur une bande limitée aux basses fréquences, entre 20Hz et une fréquence de coupure haute. Au-delà, le gain diminue progressivement jusqu'à devenir strictement nul à partir de la fréquence dite charnière du filtre et sur toute la partie haute de la bande audio.

Les 2 paramètres du filtre sont:
- la fréquence charnière (située au pied de la bande amplifiée), ajustable de 200Hz à 2KHz.
- le gain maximum appliqué à la bande amplifiée, ajustable de 0 à +14dB.

Ce correcteur doit être considéré comme faisant partie intégrante d'un système de la gamme "tout dôme", et non, comme on l'entend ici ou là, comme un accessoire passe-partout que l'on peut utiliser avec des enceintes classiques lorsqu'il s'agit de "booster un peu le grave". Bien entendu, comme il est interdit d'interdire, on peut être tenté par un usage détourné (bien que Cabasse mette en garde contre un usage inadapté de ce correcteur en déclinant toute responsabilité), mais le résultat sera sans doute trivial en créant une enflure suspecte de la réponse dans le grave au lieu d'atteindre au meilleur équilibre - ce qui est l'effet recherché - sans compter le risque de talonnement (choc de la bobine mobile contre la plaque de champ arrière du circuit magnétique) sur les forts niveaux d'excitation. Cela résulte, à mon sens, d'une mauvaise compréhension de ce qu'est cet appareil. Le gain, les fréquences charnières, les pentes et peut-être même le déphasage du filtre ont été conçus avec les enceintes elles-mêmes de manière à optimiser la fonction de transfert du système complet [correcteur-enceinte-salle d'écoute]. Cet appareil est en quelque sorte une partie du filtrage de l'enceinte - une partie active et réglable - qui aurait été dissociée du filtre passif interne et déplacée en amont de celui-ci, dans la chaîne d'amplification. J'insiste sur ce point qui caractérise le concept même de cette gamme.

A ce sujet, on remarque que ce concept est très proche de celui mis en œuvre - 25 ans plus tard! - sur le système semi-actif Pacific 3 SA. Il s'agit bien, là aussi, d'adapter le niveau de grave en fonction des caractéristiques acoustiques des enceintes placées dans la salle d'écoute... En revanche, bien que la technologie des HP à membrane en nid d'abeille découlent du R&D investi pour la gamme "tout dôme", la simple utilisation de ces HP dans une enceinte ne la fait pour autant relever du même concept. Il en est ainsi, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, des anciens modèles haut de gamme de la marque (Brigantin) et des anciens modèles asservis (Eider, Petrel, Goéland, Albatros). En effet, sauf erreur de ma part, ceux-ci n'offrent pas de moyens accessibles à l'installateur ou à l'utilisateur de réaliser une adaptation quelconque par réglage électronique. Au demeurant, cela n'enlève rien à leurs qualités. Il nous manque quelqu'un pour se pencher sérieusement sur un "éloge des enceintes asservies", vous ne croyez-pas?

Le correcteur actif a été décliné en plusieurs modèles commercialisés, 3 à ma connaissance:
- M1/ le premier modèle se présente sous un boîtier en plastique (mais un blindage intérieur en acier plié, bien réalisé, protège l'électronique des rayonnements BF). Il dispose d'un potentiomètre avec molette de gain et de 3 boutons-poussoirs de sélection de la fréquence charnière (numérotés de 1 à 3, chacun correspondant à l'une des enceintes de la gamme, Caravelle, Corvette, Galiote). Les réglages directement accessibles sont communs aux 2 canaux. Il s'agirait donc plutôt d'un filtre "semi-paramétrique". Les câbles de liaisons sont prisonniers du boîtier.
- M2/ le second modèle se présente sous un boîtier métallique (format demi-rack). Chaque canal dispose d'un réglage paramétrique complet (gain et fréquence charnière) à potentiomètres. Les tiges des potentiomètres sont en retrait de la face avant et ne peuvent être manœuvrées qu'avec un tournevis. Ce point n'est pas si anodin qu'il paraît: il reflète la prise de conscience par Cabasse d'un des inconvénients cachés et pourtant majeurs d'un système s'adressant a priori à un marché de non professionnels, celui d'une trop grande accessibilité des réglages à l'utilisateur!
- M3/ le dernier modèle est assez ressemblant au précédent (le robuste boîtier métallique a été simplifié), sauf que les câbles de liaison ne sont plus prisonniers et ils laissent place à des connecteurs asymétriques Cinch/RCA. Il faut donc disposer de câbles de liaison séparés. Photos ci-dessous.

Quant à l'électronique, elle est basée sur le même schéma utilisant des amplificateurs opérationnels à faible bruit classiques (série TL072), l'un réalisant un filtrage dans le circuit de rétro-action négative de l'autre.

Ce même circuit a été intégré dans:
- les amplificateurs mono-canal AMC100/AM330 développés pour cette gamme d'enceintes*.
- les filtres actifs pour caissons de grave (avec liaisons asymétriques ou symétriques)**.

*Les amplificateurs AM/AS1000 et Polaris, plus récents, disposent d'un paramétrique plus complet à 2 bandes LF et HF. Rien n'indique toutefois qu'il soit compatible avec le paramétrique LF de la gamme "tout dôme".

**Le filtre actif Polaris FST développé pour la gamme Baltic dispose d'un filtre similaire mais dont les paramètres diffèrent (notamment le gain maximum). A n'utiliser qu'avec discernement.

Il est a noter également qu'une variante amplifiée de la gamme "tout dôme" a été commercialisée. Dans cette variante, les enceintes se présentaient alors avec un amplificateur AMC100/AM330 fixé sous sa base, éventuellement avec un adaptateur pour pied de sol télescopique, formant ainsi un système monobloc très compact (qu'il ne faut pas confondre avec un système asservi!) Cette variante indiquait clairement la cible marketing que Cabasse entendait à présent donner à ces produits: le monitoring professionnel. Pour la petite histoire, je me souviens très bien du système de contrôle installé dans la cabine de mixage du studio 4 d'Antenne 2 (avant France 2, pour les jeunes). Ce studio, le plus grand à l'époque de l'avenue Montaigne, dans lequel avaient lieu les grands directs et émissions de variétés, était équipé d'une paire de Caravelle M1 amplifiées et d'un caisson Etna surélevé pour déboucher au-dessus de la console. Je ne compte plus les Galiote amplifiées que j'ai croisées. Ces produits avaient fait une percée remarquable sur ce marché (quoique limité à la France, j'imagine...), totalement abandonné aujourd'hui.

Dans la même lignée, un autre produit professionnel atypique fut la Reportage 242. Basée sur la Caravelle, mais dotée d'une finition noir de type "flight-case", avec coins renforcés et poignées de transport encastrées, la Reportage 242 intégrait un amplificateur en son sein (et non fixé dessous), un DOM2 en lieu et place du DOM4. Tous les HP étaient protégés par une grille métallique qui la rendait apte au terrain.

Après cette présentation assez exhaustive, et pour ne pas être trop long, je reprendrai le fil un peu plus tard sur la mise en œuvre et le réglage du correcteur actif.

[peter77]

post passionnant et me permet d'en connaitre plus sur ces "fameux" compensateurs actifs merci !!

[padoubibi]

Après cette présentation assez exhaustive, et pour ne pas être trop long, je reprendrai le fil un peu plus tard sur la mise en œuvre et le réglage du correcteur actif.

Ce sera encore très intéressant car on ne trouve nulle part d'information claire et détaillée à ce sujet.
Doit-on le brancher entre la source et l'ampli intégré? Dans ce cas il ne peut servir que pour une seule source...??
A quoi servent les RCA "TAPE"?
Pourquoi avoir accès à des réglages différents entre le canal droit et gauche?
Impatient d'avoir la suite.

Et un grand merci à toi pour toutes ces explications passionnantes

[peter77]

Après cette présentation assez exhaustive, et pour ne pas être trop long, je reprendrai le fil un peu plus tard sur la mise en œuvre et le réglage du correcteur actif.

Ce sera encore très intéressant car on ne trouve nulle part d'information claire et détaillée à ce sujet.
Doit-on le brancher entre la source et l'ampli intégré? Dans ce cas il ne peut servir que pour une seule source...??
A quoi servent les RCA "TAPE"?
Pourquoi avoir accès à des réglages différents entre le canal droit et gauche?
Impatient d'avoir la suite.

Et un grand merci à toi pour toutes ces explications passionnantes

+1

merci pour toutes ces explications passionnantes
!

[man]

Passionnant !

[Dom]

En effet, bien qu'assez simple à réaliser, le câblage du correcteur demande une petite explication.

Les 3 versions étant basées sur le même schéma, le principe de câblage est le même. Le correcteur Cabasse est conçu pour utiliser le circuit de monitoring d'enregistrement d'un amplificateur HIFI intégré ou d'un préamplificateur. Ce circuit comporte 2 entrées, une pour chaque canal L et R, associées aux 2 sorties d'enregistrement. Je rappelle que ce circuit servait initialement au raccordement d'un magnétophone à bande ou à cassette (avec tête de lecture séparée de la tête d'enregistrement). Il est encore présent aujourd'hui sur la plupart des amplificateurs du marché. Même les modèles typiquement anglais, dont la réputation de simplicité voire d'austérité n'est plus à faire, dispose encore de ce circuit. A titre d'exemple, j'ai utilisé pendant plus de 10 ans un intégré Creek, haut comme 3 pouces, qui ne proposait sur sa face avant que les boutons M/A et monitoring (aussi appelé sélecteur Source/Tape). Et ça fonctionnait parfaitement.

Schématiquement, le circuit de monitoring est situé quelque part entre le sélecteur de sources (Phono, CD, Tuner, AV, etc.) et le réglage du volume de la section préamplificateur. Le signal de la source sélectionnée est envoyé conjointement sur la sortie d'enregistrement (pour le raccordement de l'entrée d'un enregistreur) et sur le sélecteur de monitoring. Lorsque le sélecteur de monitoring est sur la position Source, le signal de la source sélectionnée est envoyé via le circuit de volume vers la sortie du préamplificateur. Lorsque le sélecteur de monitoring est sur la position Tape (ou Recorder, ou autre), c'est le signal appliqué sur les entrées correspondantes qui se substitue au signal de la source. Dans le cas d'un enregistrement à l'ancienne, cela permettait de commuter instantanément entre la source et le magnétophone afin de vérifier que l'enregistrement se déroulait bien, et éventuellement de comparer sa qualité avec celle de la source.

Ici, l'idée est simplement de remplacer le branchement de l'enregistreur par celui du correcteur. Les sorties de l'ampli/préampli prévues pour l'enregistreur sont raccordées aux entrées du correcteur (sur la face arrière du correcteur Compensator In) et réciproquement, les sorties de celui-ci (Compensator Out) sont raccordées sur les entrées de l'ampli/préampli prévues pour l'enregistreur. Comme ce branchement pourrait pénaliser ceux qui utilisent un enregistreur, Cabasse a pensé à reporter la fonction de monitoring sur son correcteur. C'est le rôle des prises repérées Tape et du bouton-poussoir Source/Tape sur la face avant qui reproduisent le fonctionnement du monitoring (l'enregistreur se raccorde donc sur le correcteur) sans désactiver le correcteur. Ainsi câblé, le fonctionnement du correcteur est complètement transparent pour l'utilisateur et il peut être instantanément activé et désactivé (ce qui facilite grandement son réglage).

Une autre méthode de câblage consiste à insérer le correcteur entre le préamplificateur et l'amplificateur lorsque ceux-ci sont distincts, en liaisons asymétriques, ce qui en limite l'intérêt. Enfin, certains amplificateurs intégrés disposent d'un circuit d'insertion pour processeur ou égaliseur (Marantz PM7200, etc.) sur lequel peut idéalement se raccorder le correcteur Cabasse, mais ce cas de figure est assez rare.

On le voit, la mise en œuvre du correcteur actif de la gamme "tout dôme" est assez simple quelle que soit la configuration d'une chaîne stéréophonique classique ou moderne. Dans le cas d'une chaÎne multicanal, les choses se compliquent car la fonction de monitoring, si elle existe encore, ne s'applique qu'aux seuls 2 canaux frontaux FL et FR. Si on désire utiliser des enceintes de la gamme pour tous les canaux, alors il faut utiliser un stratagème car notre bon vieux correcteur se retrouve un peu dépassé par les évènements. C'est là qu'intervient notre intérêt pour les filtres numériques des processeurs audio multicanal. Mais cela est une autre affaire.

Certains puristes pourraient s'inquiéter de ce que l'on doive insérer un appareil actif - qui plus est avec de vulgaires amplificateurs opérationnels, quelle horreur! - sur le trajet du signal que l'on peut souhaiter le plus direct possible. Que répondre à ceux-là sinon que, contaminé moi aussi par ces inquiétudes, j'ai fait toutes les comparaisons possibles sur différentes configurations (le sélecteur de monitoring est pour cela très efficace) sans avoir perçu la moindre dégradation de l'écoute, notamment dans l'extrême aigu car pour le reste, l'action du correcteur s'avère heureusement bénéfique. Même le bruit de fond ajouté est à peine perceptible. Il va de soi que le correcteur est placé à côté de l'ampli/préampli et raccordé au plus court (50cm suffit) par des câbles de bonne qualité (les câbles sont intégrés dans les premières versions du correcteur). Certains amplificateurs proposent des prises de courant commutées M/A, pour l'alimentation du correcteur, profitons-en!

Indiquons les principales caractéristiques électriques fournies par le fabricant, pour ceux que cela intéresse:
- tension maximale en entrée (gain au minimum): +21dBu (soit 9V RMS!)*.
- tension de bruit: -99dBu non pondéré, -110dBu pondéré (courbe psophométrique).
- gain maximum: +14dB dans la bande amplifiée.

* Rappelons que lorsqu'il est inséré dans le circuit de monitoring, le correcteur reçoit sur son entrée un niveau pratiquement égal à celui fournit par la source, soit en HIFI -10dBu (245mV RMS). La marge avant saturation est donc de 21-(-10)=31dB (énorme!), ramenée à 31-14=17dB si l'on pousse le gain au maximum. En clair: aucun risque de saturation.

A présent, abordons la partie beaucoup plus épineuse du réglage du correcteur et essayons de procéder de manière rationnelle avec pour seul instrument de mesure, notre oreille.

Le correcteur étant le maillon d'un système, il convient d'avoir "réglé" au préalable les autres maillons. Le premier d'entre eux est le choix... de la salle d'écoute! Non, je plaisante. Mais déjà le choix de la zone d'écoute (on devrait dire le point d'écoute tellement en stéréo comme en 5.1, cette zone est étroite) n'est pas indifférent, on s'en doute. Pour simplifier, on supposera la salle d'écoute parallélépipédique et le schéma d'implantation symétrique. Impérativement, la zone d'écoute doit être éloignée d'un mur arrière ou d'un angle (paroi réfléchissante) d'au moins 1,50m sinon davantage. Cette recommandation est cruciale car elle a pour effet de sortir les oreilles des ventres de pression (cf. plus haut dans ce post) toujours liés aux parois en BF, de retarder les réflexions précoces qui "durcissent" le médium et perturbent la perception de l'espace stéréophonique. La zone d'écoute ne doit pas être centrée entre les murs avant et arrière. Au contraire, dans la mesure du possible, la zone d'écoute sera centrée par rapport aux murs latéraux afin que les réflexions précoces soient à peu près synchrones et n'altèrent pas l'équilibre latéral. Enfin, de manière générale, les parois planes et réfléchissantes (béton, pierre, verre, etc.) seront meublées - bibliothèque, CD-thèque, étagères, etc. sur les murs, table basse au sol - pour créer des irrégularités de niveau et diffuser les réflexions ou pour réduire leur amplitude (tapis épais au sol en partie centrale entre la zone d'écoute et les enceintes, sur les sols durs). Lorsque je vois sur certaines photos d'installation de magnifiques enceintes s'élevant au-dessus d'un parterre nu en carrelage ou en tomettes, j'ai en mal pour elles! Hélas, en la matière, on ne fait pas toujours ce que l'on veut, mais ce que l'on peut. Des sites traitent sérieusement de l'acoustique d'une salle d'écoute, ce n'est pas mon but ici.

Ensuite, vient la position des enceintes. Dans cette gamme, les enceintes sont des modèles compacts et doivent donc être surélevées sur un support stable pour que le tweeter soit dirigé vers les oreilles. Le point limite est qu'on ne doit pas voir le dessus de l'enceinte lorsque l'on est assis (cela dépend de la hauteur de l'assise). Commençons par exemple à 40cm pour la Caravelle, soit la hauteur d'un simple tabouret, en éloignant la face avant des enceintes de 1m du mur situé derrière elles. La règle veut qu'en écoute stéréophonique "les 2 enceintes soient à égales distance de la zone d'écoute qui forme avec elles un triangle isocèle" (cf. notice Cabasse) et que la distance entre le plan joignant les faces avant des enceintes et le point d'écoute soit égale à 1,5 fois la distance entre les enceintes. Essayons de la respecter au mieux.

La première étape du réglage du correcteur commence en le désactivant (commutateur de monitoring de l'ampli/préampli sur Source). A ce stade, le réglage consiste à améliorer l'équilibre tonal (entre les registres grave, médium et aigu), à niveau d'écoute "réaliste", en déplaçant les enceintes dans le sens de la profondeur et de la hauteur tout en conservant une bonne spatialisation. Attention, si on abaisse les enceintes, il faut les incliner pour conserver la bonne orientation. On observe souvent que la meilleure spatialisation (perception de la direction de la source sonore et de sa profondeur sur les enregistrements en vraie stéréophonie XY) est obtenue lorsque les enceintes sont relativement éloignées des parois qui les entourent. On a une sensation d'aération du champ sonore. Mais cela n'est pas toujours possible. On cherche donc le meilleur compromis. En rapprochant les enceintes du mur avant, le niveau du grave et du bas médium augmente sensiblement. On fera attention à ce que la proximité ne fasse apparaître des résonances dans le grave ou une coloration du bas-médium (excitation des modes). Il faut alors éloigner un peu les enceintes de la paroi qui en serait responsable.

Pour information, j'ai obtenu un bon résultat dans une pièce de 20m2 environ avec des Caravelles installées sur des tabourets et éloignées de moins de 50cm entre la face avant et le mur. Aujourd'hui, dans une pièce plus grande, je teste une configuration où les enceintes sont plus proches du sol, inclinées vers le haut, et éloignées d'environ 70cm du mur. Les essais des enceintes plaquées au mur dans des bibliothèques (que ce soit des Caravelle ou des Galiotes) ne m'ont jamais satisfait, sans que j'en comprenne vraiment la raison.

Dans la deuxième étape, le correcteur est mis en service (commutateur de monitoring de l'ampli/préampli sur Tape). La fréquence charnière est préréglée sur la valeur déterminée par le fabricant en chambre sourde. Pour la version 1 du correcteur, seule la touche correspondant au type d'enceinte utilisé est enclenchée (par exemple, pour la Caravelle, c'est la touche n°1). Pour les versions suivantes, les positions des potentiomètres de fréquence des 2 canaux sont réglées de manière identique (cf. photo ci-dessous). Sans instrument de mesure (microphone de mesure et analyseur de spectre), il est illusoire et même périlleux de rechercher un meilleur réglage de la fréquence charnière. Le gain est réglé au minimum. Théoriquement, en l'état le correcteur est transparent (pas de correction). On augmente alors progressivement le gain, en le diminuant ensuite si nécessaire, jusqu'à obtenir le meilleur équilibre tonal. Ce réglage est assez subtil. Il faut choisir un programme sonore simple qui fait appel à notre expérience auditive propre. Il ne faut pas chercher à se raccrocher à un extrait musical que l'on "connaît bien" à travers un autre système d'écoute ou dans une autre salle. Les colorations artificielles ne disent pas souvent leur nom et sont intégrées avec le temps dans notre mémoire auditive. La voix humaine bien captée, sans compression ni égalisation marquée, est parfaitement appropriée (pas les Grandes gueules de RMC, plutôt les dramatiques de France Culture...), tout comme le piano acoustique bien équilibré (certains enregistrements tirent irrésistiblement vers le haut-médium). L'équilibre tonal recherché n'est plus avec le registre grave, mais entre le bas-médium et le haut-médium. Si la première étape a été bien suivie, le grave trouvera sa place tout naturellement. Les voix doivent être naturelles, ni sèches, ni enrobées. Le piano doit avoir une sonorité pleine, avec de l'assise dans le grave.

Deux cas extrêmes peuvent se présenter: soit le meilleur équilibre est obtenu au gain minimum (c'est-à-dire sans correction, ce qui peut arriver avec des Caravelle - rarement - mais pas avec des Corvette ou des Galiote) auquel cas il ne reste plus qu'à débrancher le correcteur et à le ranger soigneusement jusqu'au prochain déménagement, soit le meilleur équilibre semble être obtenu avec un gain supérieur à celui déterminé en chambre sourde. C'est sans doute que l'on est allé un peu loin. Il faut prendre le temps de vérifier avec d'autres extraits sonores et peut-être apprendre à "dégraisser un peu la partition"... On n'obtiendra pas, on le sait, des sous graves telluriques avec ces enceintes et, comme avec la plupart des systèmes, il faudra y associer un caisson pour étendre la bande passante dans la première octave.

Une fois l'équilibre obtenu, les gains des 2 canaux sont réglés de manière identique (ils sont indissociables sur la version 1, mais distincts sur les autres versions). A l'écoute, toutefois, un canal peut être perçu plus fort que l'autre. Ce déséquilibre est peut-être dû à l'imprécision des potentiomètres, mais il plus probablement dû à une dissymétrie acoustique de la salle d'écoute (on suppose qu'au casque, sans correction, l'image sonore est parfaitement centrée). Dans ce cas, il suffit d'augmenter le gain du canal le plus faible et de diminuer celui du canal le plus fort (très peu car la course totale étant de 14dB, le déséquilibre ne dépasse probablement pas 3dB).

Ainsi la touche finale est posée. Il se peut que l'on souhaite s'y reprendre une seconde fois, depuis la première étape. C'est en forgeant, etc. Mais après le deuxième essai, il est rare que l'on obtienne mieux. Il faut alors commencer à oublier le correcteur actif et ses réglages (s'ils sont trop tentants, il faut les masquer avec un ruban adhésif noir!). Je vous assure que l'on peu vivre bien pendant des années sans y retoucher. P. Muller explique par ailleurs quel calvaire ce fut pour lui, lorsqu'il était chargé des réglages des installations Cabasse haut-de-gamme chez le particulier aisé, d'être rappelé par le client six mois après l'installation car elle ne procurait plus la satisfaction initiale. Mystérieusement, les réglages des potentiomètres avaient changé!

Oublier les réglages et écouter la musique.

La prochaine fois, je propose de passer au scalpel l'enceinte et ses composants...

[peter77]

superbe exposé !! un grand merci et en plus cela donne envie d'écouter cette gamme d'enceinte !!

[madorre]

VOn l'a déja dis, mais bon... encore merci de partager toutes ses connaissances de passionné (et de connaisseur en plus)

[maureljoe]

Un régal.

[Dom]

Voici venue l'heure de l'opération à cœur ouvert.

Avertissement: Dans la partie qui suit vont figurer quelques images inédites, pour ne pas dire exceptionnelles, dont le caractère brutal ou cruel peut choquer certains d'entre vous. Il est donc recommandé de les dissimuler à la vue des plus jeunes.

La Caravelle est constituée d'une enceinte totalement fermée réalisée en panneau de particules de bois de faible densité (aggloméré). Son volume intérieur est d'environ 30L seulement. Le montage des parois et renforts internes est réalisé par encastrement et collage, ce qui donne à l'ensemble robustesse et rigidité. La face avant est réalisée par empilement de panneaux de différentes épaisseurs, afin d'obtenir l'alignement vertical des centres acoustiques des 3 haut-parleurs. Cet alignement tient compte non seulement de la géométrie et de la position des membranes, mais également des retards dans le domaine électrique créés par le filtre et probablement par le correcteur. L'ensemble étant normalement conçu pour que, en chambre sourde et en champ lointain (c'est-à-dire à partir d'environ 1,50m), la réponse impulsionnelle soit optimale dans la zone de couverture horizontale (disons +/- 45° autour de l'axe, au maximum, dans le plan horizontal*). Le HP grave, soumis aux efforts mécaniques les plus importants, est donc fixé dans la partie la plus épaisse et la plus rigide de l'enceinte. On constate que cette technique, véritable signature de style des modèles Cabasse classiques, est bénéfique techniquement sur plusieurs plans. Elle a néanmoins été peu suivie (on se souvient de quelques autres modèles anciens, dont la très belle Galaxie 200 de Siare) et à présent totalement abandonnée, à tord ou à raison. Les formes anguleuses ne sont plus à la mode...

* Lorsque l'on s'éloigne au-delà de cette zone, surtout dans le plan vertical, cet alignement n'est plus respecté. La réponse impulsionnelle - temporelle et fréquentielle - est inévitablement dégradée.

En partie arrière, l'enceinte reçoit 3 pièces de rigidification, encastrées horizontalement dans les faces latérales et arrière. Elles sont situées respectivement à 1/3, 1/2 et 3/4 de la hauteur interne. Cette disposition géométrique rigoureuse vise à annuler certains modes vibratoires latéraux et par conséquent, à réduire le rayonnement acoustique secondaire de l'enceinte elle-même (qui apporte une coloration dans le médium**). Pour en vérifier l'efficacité, il suffit d'effectuer quelques frappes du poing sur les parois extérieures. Ici (et a fortiori sur les modèles plus compacts encore - Corvette et Galiote), le son émis lors de la frappe et sec et sans résonance. Combien de modèles - anciens ou actuels - sonnent un peu comme si l'on frappait sur un tonneau! Essayez sur vos enceintes... Dès lors, comment obtenir une restitution neutre si l'ébénisterie se fait entendre de la sorte? Cette technique, beaucoup plus efficace que l'utilisation de simples "tasseaux", a en revanche fait des émules et a été développée pour le meilleur des productions actuelles (je pense au superbe système de rigidification Matrix de B&W).

** Certains parlent de "son de boîte". Je n'ai jamais vraiment su ce que cela voulait dire, mais s'il s'agit de qualifier ce phénomène, alors l'expression serait opportune.

Les HP sont montés alignés verticalement dans le plan de symétrie de l'enceinte, le plus près possible l'un de l'autre (afin de se rapprocher du point-source idéal, mais comme chacun le sait, on fait mieux depuis...) Le montage par vis CHc et écrous à griffe procure un assemblage robuste et fiable. Dans ces années de production, ce détail très professionnel distinguait Cabasse de la plupart des concurrents (dont les HP étaient fixés par des vis à bois qui éclataient le matériau friable si l'on serrait un peu trop!) Depuis, nos "créateurs d'enceintes" - petits as du marketing - ont bien identifié le potentiel de la tête de vis CHc apparente dans la valorisation imaginaire de leurs produits, et l'on voit apparaître une floraison - bien inutile - de têtes de vis à 6 pans creux sur le pourtour des saladiers...

Un mot sur le placage en noyer véritable, dont la qualité et la beauté semblent échapper au temps. Néanmoins, certains veinages sont plus riches et plus flatteurs que d'autres... l'amateur y sera attentif. La nature du bois étant ce qu'elle est, c'est-à-dire dépendante de l'arbre qui en est l'origine, il est assez rare de trouver aujourd'hui des paires d'enceintes de ce type - littéralement appairées en terme d'aspect par numéros de fabrication consécutifs - de teinte et de veinage identiques. Le problème ne se pose heureusement pas souvent, sauf dans le cas de la constitution d'un système multicanal. Il est a noter qu'un placage interne - de qualité d'aspect inférieure - est également réalisé à des fins de stabilité mécanique!

Enfin, l'amortissement acoustique interne est réalisé par un matelas textile assez dense recouvrant toutes les parois, à l'exception de la paroi avant. Nous le verrons, ce dosage assez léger est très différent de celui retenu pour les modèles Corvette et Galiote. L'amortissement recherché est donc minimal, ce qui signifie que le volume interne réel, bien que relativement faible, n'est pas très éloigné du volume idéal permettant d'obtenir la réponse souhaité dans le grave avec le HP utilisé (21NDB). En effet, le remplissage du volume interne permet d'augmenter virtuellement (jusqu'à plus de 30%, en théorie) le volume réel trop réduit pour obtenir une réponse régulière dans le grave.

J'apporterai prochainement sur ce post quelques données brutes, issues de l'observation, sur les haut-parleurs et le filtre de la Caravelle.

Alors, à bientôt.

PS. En voyant l'image ci-dessous, ne vous demandez pas quel esprit torturé a bien pu commettre une telle horreur. Il y a des recherches scientifiques sur la réduction des dimensions d'une enceinte - toujours trop présente et encombrante dans un aménagement intérieur moderne - qui peuvent mener à quelques excès... Ici, une tentative radicale et pour tout dire désespérée ne peut être que la seule explication. Je la déplore tout comme vous.

[peter77]

superbe exposé même si c'est a la limite du carré blanc ! la photo est extrêmement parlante ceci dit!

[maureljoe]

Avertissement: Dans la partie qui suit vont figurer quelques images inédites, pour ne pas dire exceptionnelles, dont le caractère brutal ou cruel peut choquer certains d'entre vous. Il est donc recommandé de les dissimuler à la vue des plus jeunes.

[madorre]

Merci à Dom de s’être fendu d'une belle photo.

Maurel Joe , l’équipe des modérateur se refuse à couper le document présenté, témoins comme l'indique l'auteur, d'une recherche désespérée d'un gain de place dans nos salon moderne. Document prouvant par ailleurs que Cabasse ne faisait pas les choses à moitié en ce qui concerne la qualité.

La demie mesure n’étant pas permise.

[maureljoe]

+ 1/2 x 2 pour Madorre!

[man]

Alors là, c'est sublime ! Je prends mon pied !!!

Merci Dom !

[Fredaxis]

Super idée !!! je sors la scie, et plutôt deux fois qu'une

Dom, bravo, tu as encore beaucoup de documents comme ceux ci ?
En tous cas un post de grande qualité, Merci

[peter77]

personnellement je serai pour le mettre en post it !