Forum Cabasse

J'ouvre ce fil pour poser une question qui me turlupine au sujet de la position des enceintes dans la pièce.

Nous savons qu'en fonction des dimensions de la pièces, il existe des modes de résonance qui sont excités par les enceintes. Quels sont les facteurs qui permettent de limiter au mieux ces effets, et comment appréhender le placement des enceintes en relation avec ce facteur?

Certains sites permettent de calculer les modes de résonnance d'un pièce, mais comment interpréter puis tirer profit des résultats?

On ne peut pas !

Les dimensions physiques d'une pièce ne sont pas ses dimensions acoustiques. Fin de la messe !

Ces outils en ligne ont l'immense mérite de nous permettre de nous familiariser avec ce phénomène difficilement palpable. On peut s'amuser avec pour faire des simulations. Ils ont en vérité une vocation pédagogique mais pas opérationnelle.

syber a écrit : Les dimensions physiques d'une pièce ne sont pas ses dimensions acoustiques.

Pourrais tu détailler (ou même expliquer) cette phrase s'il te plait ? Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris.

Et bien si tu mesures par exemple une longueur de pièce de 6 mètres qui doit théoriquement te donner un mode à 57 Hz, en pratique la moindre porte, fenêtre ou cloison en plâtre va rendre caduque ce calcul. C'est à dire que la structure du local, sa géométrie et la nature des matériaux sont à prendre en compte. Une cloison en Placoplatre va se comporter comme un gigantesque HP de grave une fois excitée.

En pratique, il faut faire les mesures acoustiques in situ pour identifier les modes du local. Sans compter que les pièces parallélépipédiques ne sont finalement pas les plus courantes dans nos locaux d'habitation. Il y a toujours une cuisine ouverte, un couloir, un WC dont la porte reste ouverte, une salle de douche, une arche entre deux pièces, etc...

C'est vrai qu'en balayant avec un sinus, on entend des creux et des booses dans le grave. Je cherche à comprendre comment le placement des enceintes peut influencer la nature, et surtout l'amplitude de ces phénomènes.

Il faut envoyer dans une enceinte un sinus fixe choisi par exemple entre 40 Hz à 70 Hz ; mettons 55 Hz. Puis se déplacer lentement dans la pièce en écoutant le sinus fixe et constater ... l'incroyable !

Noter les endroits où l'incroyable se produit, puis déplacer l'enceinte de 1 mètre et recommencer. Comparer les endroits où l'incroyable se produit pour les deux positions de l'enceinte.

Oui.....effectivement, déjà vécu chez mon père quand j'étais plus jeune. Impressionnant

syber a écrit :Il faut envoyer dans une enceinte un sinus fixe choisi par exemple entre 40 Hz à 70 Hz ; mettons 55 Hz. Puis se déplacer lentement dans la pièce en écoutant le sinus fixe et constater ... l'incroyable !

Noter les endroits où l'incroyable se produit, puis déplacer l'enceinte de 1 mètre et recommencer. Comparer les endroits où l'incroyable se produit pour les deux positions de l'enceinte.

Est-ce qu'il faut s'interesser aux phénomènes qui se produisent à la position d'écoute uniquement?

J'aurais tendance à dire oui.. mais attendons les avis éclairés !

oso a écrit :C'est vrai qu'en balayant avec un sinus, on entend des creux et des booses dans le grave. Je cherche à comprendre comment le placement des enceintes peut influencer la nature, et surtout l'amplitude de ces phénomènes.

Il faut se méfier de ces expériences. Elles sont exactes mais sont déconnectées de la réalité. Celui qui voit une courbe avec REW qui lui montre un déficit à 50Hz se focalisera sur ce détail or, cela ne se passe pas du tout de cette façon dans la vraie vie. Un son musical comprenant du 50Hz est composé: soit d'une fondamentale de 25Hz et tous ses harmoniques espacés de 25Hz, soit d'une fondamentale de 50Hz et tous ses harmoniques espacés de 50Hz. Le principe de Tartini enseigne que la simple perception des harmoniques nous permet de reconstituer la fondamentale, même si elle n'est pas présente là où nous nous trouvons. Donc l'écoute d'un sinus seul ne renseigne pas sur la capacité d'entendre les sons complexes qui en seraient composés. Qui plus est, la fondamentale n'est pas toujours la fréquence la plus puissante d'une note de musique, beaucoup s'en faut.

Quand on écoute un sinus dans une pièce et que l'on se déplace ou, quand on reste en place et que l'on balaie une gamme, on perçoit nettement des ventres et des nœuds. C'est inévitable et on ne peut rien y faire mais le cerveau est bien fichu: il peut reconstituer les parties manquantes à partir des harmoniques.

Voilà une raison suffisante pour ne pas accorder une trop grande confiance aux courbes mesurées dans une pièce. Certaines corrections qui sont belles sur le papier (ou l'écran) ne sont absolument pas comprises par le cerveau parce que nous sommes naturellement éduqués et que nous rétablissons beaucoup de choses de manière inconsciente. Notre cerveau est en état de veille permanente et analyse tout ce qui se passe. Tout phénomène anormal ou artificiel peut être mal perçu.

Pour évaluer le bien-fondé de corrections, rien ne vaut l'écoute du bruit rose. Il faut pratiquer beaucoup et souvent pour en intégrer les caractéristiques. Une fois qu'on a l'habitude, la moindre irrégularité nous saute immédiatement à l'oreille.

oso a écrit :

syber a écrit :Il faut envoyer dans une enceinte un sinus fixe choisi par exemple entre 40 Hz à 70 Hz ; mettons 55 Hz. Puis se déplacer lentement dans la pièce en écoutant le sinus fixe et constater ... l'incroyable !

Noter les endroits où l'incroyable se produit, puis déplacer l'enceinte de 1 mètre et recommencer. Comparer les endroits où l'incroyable se produit pour les deux positions de l'enceinte.

Est-ce qu'il faut s'interesser aux phénomènes qui se produisent à la position d'écoute uniquement?

Il est préférable de quadriller la pièce afin d'arriver mentalement à se faire une représentation du phénomène modal dans l'espace, se déplacer par pas de 20 cm sur une longueur et une largeur, s'attarder sur les coins de la pièce, longer les murs, s'asseoir et se lever sans bouger de position au sol.

C'est la première étape du raisonnement qui va progressivement se mettre en place : l'influence de la pièce.