syber, il y a quelques mois a écrit :
Bonjour à tous,
Lorsqu’Igor m’a proposé il y a quelques jours de venir comparer ces trois casques dans son studio, j’ai immédiatement été emballé à cette idée. « J’arrive, je cours, je vole » lui ai-je répondu à sa proposition.
Emballé pour au moins deux raisons. D’abord parce que l’opportunité d’écouter du matériel HdG est toujours bonne à saisir afin de compléter ses expériences d’écoutes et de ré-étalonner son oreille et que la possibilité de réunir autant de matériels dans le même lieu et la même après-midi afin de pouvoir procéder à des comparaisons un tant soit peu objectives d’écoutes subjectives est à mon sens un gage de fiabilité des sensations perçues compte tenu de la très faible durée de notre mémoire auditive. Enfin, car je n’ai pas perdu le fil de ma pensée, le deuxième élément motivant mon enthousiasme à procéder à ces écoutes est que … je ne supporte pas les écoutes au casque et qu’il faut toujours savoir se remettre en question.
Je ne supporte pas les écoutes au casque pour au moins deux raisons (je crois bien que je suis en train de vous refaire le sketch des Monty Python sur l’Inquisition Espagnole). Tout d’abord un problème de construction de scène sonore que je perçois la plupart du temps en arrière de mon crane ce qui est très déstabilisant ; scène sonore dont j’ai également du mal à percevoir l’étagement des plans. Ensuite un sentiment d’oppression, d’enfermement (c’est exagéré comme description, je sais), un manque d’aération et d’espace par rapport aux sensations d’écoute en Live. Pour prendre une image, si elle est bien faite une écoute en 5.1 procure le mieux actuellement l’illusion d’être transporté sur le lieu d’enregistrement. Une écoute stéréo va donner si elle est bien faite l’illusion d’être dans une loge au concert (pour reprendre l’analogie chère à Philippe Muller) et pour moi une écoute au casque en l’état actuel des choses me donne l’illusion d’écouter par le petit trou de la serrure, si vous m’autorisez cette image télescopant deux de nos sens. Enfin, une écoute au casque provoque très rapidement chez moi une surchauffe des pavillons de l’oreille ajoutant aux désagréments intellectuels précédents, un inconfort physique. Et là les plus attentifs d’entre vous me feront la remarque que ça fait trois. Oui, mais je vous avais prévenu (The Spanish Inquisition). Et hop, perché !
Et avec des casques HdG, qu’en est-il ?
And now for something different pour rester dans le ton, les disques écoutés. Mon disque de prédilection dans ces cas, le Habana de Roy Hargrove. Une prise de son live d’un orchestre cubain avec une présentation progressive des instruments bien localisés dans l’espace, un large spectre sonore allant des clochettes à la basse électrique en passant par une section cuivre. Igor vous présentera probablement le disque qu’il a utilisé, un splendide enregistrement de chants grégoriens avec une très belle spatialisation et captation de la réverbération. Enfin, le Carmen de Shchedrin connu pour une très belle spatialisation de percussions bien focalisées et dynamiques.
Commençons par ordre alphabétique la revue de détails de ces trois casques ouverts et semi-ouverts :
Le BEYER T1
Le casque semble léger dans le bon sens du terme lorsqu’on le prend en main et fait bonne impression en termes de qualité de construction. Des trois casques, c’est celui qui serre le plus ma tête et mes oreilles. Je lui reprocherais de glisser lorsque je bascule la tête en arrière. Inconvénient que l’on peut corriger en avançant sur l’avant du crane son arceau. Est-ce dû à mon manque de cheveux sur l’arrière du crâne qui favorise ce glissement ? Toujours est-il que les deux autres casques « tombent » plus naturellement à leur bonne position sans que l’on ait à se préoccuper de leur maintien et de leur réglage. En termes de timbres, en particulier dans la dynamique et la définition du registre médium, c’est celui qui est le plus proche de la chaine de la chaine d’Igor. En revanche, il reproduit le moins bien les acoustiques des lieux d’enregistrement et la réverbération.
Le SENHEISER HD 800
Un peu plus léger que le Beyer en terme de poids et la qualité perçue est un cran en dessous du Beyer ; un petit cran, soyons clairs. Le look enfin, sort de la stricte esthétique professionnelle et utilitaire d’un Stax ou du Beyer pour oser des formes et des mélanges de matières plus aguicheurs. Mais bon, les goûts et les couleurs, comme on dit. Et puis de toute façon, c’est mon CR et je dis ce que je veux ! Ah, mais ! En termes de confort sur la tête, c’est de loin mon préféré. C’est celui qui tient le mieux en place, aucune pièce en plastique dur ne vient toucher le crâne et surtout, au grand surtout, oh oui alors vraiment au très grand surtout … les coques largement dimensionnées font que le pavillon de l’oreille ne touche aucune pièce du casque. Les mousses de protection ne viennent pas reposer sur le pavillon de l’oreille comme le Beyer et le Stax, mais elles entourent le pavillon sans le toucher. Mes pavillons d’oreille ne chauffent plus et ne sont plus irrités, Loué soit Senheiser ! Amen ! En termes d’écoute, c’est celui des trois qui offre la plus grande sensation d’espace et la plus grande spatialisation. Igor ira même jusqu’à dire qu’elle est légèrement exagérée. Les basses sont très plaisantes sans toutefois atteindre la véracité du concert ou d’un caisson et semblent descendre le plus bas des trois casques. L’aigu même si il est présent, m’a semblé manquer de variété, être un peu monotone. Mais le principal reproche vient du médium qui est un peu creusé, a moins de présence et de définition que la chaine d’Igor. Moins de sensation « Live » en d’autres termes, comme peut l’avoir le Beyer sur cet aspect de la reproduction.
Le STAX SR-202
C’est le plus ancien des trois et cela se voit en terme de look qui parait le plus daté, quoique utilitaire (j’y suis favorablement sensible). La qualité de construction en revanche est sans reproche puisque ce casque ne présente aucun signe de défaillance ni de traces d’usures malgré les années. Confortable, tenant bien sur la tête sans trop appuyer sur les oreilles, je ne lui fait qu’un reproche concernant une petite pièce en plastique dur de chaque côté de la base de la bride de réglage du serre-tête, qui vient appuyer contre mon crâne. Un réglage à faire peut-être ? Sur le plan de la signature sonore, il est très séduisant, peut-être bien le plus équilibré des trois avec toutefois une coquetterie dans l’aigu, un registre grave moins étendu que sur le Senheiser et un medium un poil moins présent que le Beyer. On y retrouve une spatialisation et une sensation d’espace moindre que sur le Senheiser, une véracité des timbres moindre que sur le Beyer.
En définitive, cette séance fut riche d’enseignements. J’ai d’abord été surpris par les différences de rendu entre casques et – avantage de pouvoir passer de l’un à l’autre très rapidement – de la difficulté à finalement en préférer un plutôt qu’un autre. Chacun à ses point forts et corollaire … aucun n’est parfait bien que l’on ait affaire à du HdG. Ensuite, cette écouté m’a conforté dans la pensée que je préfère toujours en l’état actuel des choses une bonne chaine HiFi à un bon casque en termes de véracité de reproduction, de sensation live, d’étendu du spectre sonore reproduit … et même vous l’aurez compris de manière implicite par certaines allusions dans mon CR, en matière de définition par rapport à une chaine bien égalisée, bien couplée avec son local. Autrement dit, un bon casque permet de s’affranchir de la coloration amenée par le local d’écoute et d’entendre ainsi des timbres plus véridiques, mais si le local est traité et les enceintes correctement égalisées, ma foi cet avantage est minimisé et les enceintes reprennent le dessus ; toutes problématiques de budget et de compétences de mise en oeuvre mises à part bien entendu.
Quel casque achèterais-je ?
En l’état actuel des choses et compte tenu de mon utilisation qui n’est pas le contrôle mais le plaisir audiophile, en dehors de toute contrainte de budget si je devais sortir la CB ce serait pour le Senheiser dont 1. le confort d’utilisation et 2. La spatialisation et la sensation d’espace m’ont vraiment emballé. Reste sa définition dans le medium qui est en retrait … on n’a qu’à écouter un peu plus fort et puis voilà !