Les Huit Salopards (2016) de Quentin Tarantino.
Vu en avant-première en copie 70 mm avec
Overture ,
Intermission (comme dans
Les 10 commandements ou
Ben Hur ou p'têt ben les deux, je ne sais plus) et 8 mn de film en plus !
Bon déjà, le 70 mm ne sert pas à grand chose pour ce film car les scènes de paysage sont finalement très courtes. Le film est essentiellement un huis clos qui se déroule dans la mercerie de Minnie. D'autre part, le 70 mm présente la caractéristique amusante de scintiller dans les blancs ce qui est gênant pour les yeux de celui qui y est sensible ; dont moi, qui ai réalisé ce phénomène lors de cette projection hier soir. Hors, il n'aura échappé à personne qui aura vu la bande annonce ... que les scènes extérieures se passent dans des paysages enneigés.
En revanche, l'
Intermission est judicieusement utilisée et l'
Overture utile pour faciliter la concentration du spectateur et la transition entre le réel et le film. Donc, le format de cette séance est justifié. A noter un faux raccord gros comme un gros plan en cinémascope sur le visage de Jennifer Jason Leigh entre la première et la seconde partie
Que dire du film ? Il s'agit d'un scénario à la Agatha Christie sur fond de tensions humaines en général et raciales en particulier qui ont construit la nation américaine à la fin de la guerre de sécession. Personne n'est vraiment bon, ni vraiment gentil. Difficile de reconnaître les pleutres, les courageux, les menteurs et les honnêtes gens. Chacun raisonne en fonction de ses intérêts et se révèle au moment d'agir. Imaginez
10 petits nègres sur le ton du
Grand Silence que j'ai chroniqué sur ce topic par le plus grand des hasards.
Et c'est là la faiblesse du film. Un huis-clos de 3 heures, ca a été un peu long à subir pour ma part, je ne vous le cache pas. Ca manque un peu de respiration. Sans compter cette maladresse de la bande son qui consiste à nous faire entendre le son du vent du blizzard de façon ininterrompue pendant toute la durée du film. Agaçant.
A côté de ça, la mise en scène est parfaite, les décors et les costumes sont réalisés avec un soin du détail remarquable. Quand à la direction et au jeu des acteurs, ils sont tout simplement hors norme avec une attention particulière pour Kurt Russell et Jennifer Jason Leigh qui composent des personnages extrêmes et d'une solidité à toute épreuve. Le sheriff de Red Rock, interprété par Walton Goggins, est également très réussi dans son évolution tout au long du film. Les dialogues sont très écrits, encore plus que d'habitude. Du très beau boulot sur ces aspects.
