JAZZ - CHRONOLOGIE DES PRINCIPAUX COURANTS

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syber
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JAZZ - CHRONOLOGIE DES PRINCIPAUX COURANTS

Message par syber »

Le JAZZ est né aux USA, crée par les descendants d’esclaves africains. Déracinés, exploités, ils ont exprimé leurs joies et leurs peines dans leur musique.

Un siècle plus tard, on regroupe sous le terme JAZZ des artistes aussi différents que Louis Armstrong, Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Miles Davis, Bill Evans, John Coltrane, Stan Getz, Chet Baker, Nina Simone, Rabi Abou-Khalil, Jaco Pastorius, Stéphane Grapelli, Michel Petrucciani, Django Reinhardt, Eric Truffaz, Richard Galliano, Uri Caine, Jan Garbarek, Wynton Marsalis, Marcus Miller, Esbjörn Svensson, Roy Hargrove et Bojan Zulfikarpasic …

Par cette malléabilité, cette possibilité de se mélanger à toutes les cultures et les styles, cette capacité à traverser en les intégrant tous les courants sociaux, certaines personnes bien plus cultivées que moi pensent que je Jazz constitue peut-être le principal apport culturel des USA au monde (occidental ?), bien avant le cinéma ou l’american way of life.

A ce titre, il est, me semble-t-il, au moins intéressant de s’y pencher et d’en maîtriser quelques éléments-clés.


Tout d’abord, que veux dire JAZZ, d’ou vient ce mot ?

Personne n’en est sûr. Le mot apparaît vers 1910. Il est utilisé comme verbe (to jazz) désignant une manière de jouer. Une des hypothèses citées est que cela serait une contraction de jackass (âne, imbécile) ; hypothèse confortée par le fait que l’on trouve des documents de cette époque où jazz est écrit « jass » : on parlait de JASS BAND, par exemple. Beaucoup de vieux musiciens ont admit en leur temps le bien fondé d’une connotation péjorative au mot jazz à ses débuts. Les musiciens noirs auraient adopté par dérision ce qualificatif que l’on donnait à leur musique. Chacun à sa version, vous trouverez également des personnes qui vous expliquerons, selon leur sensibilité, que le Jazz étant né dans les bordels de la Nouvelle-Orléans, le mot est connoté d’une autre manière … d’autre explications existent, toutes aussi crédibles.


Avant le JAZZ il y eu les chants d’esclaves : chants de TRAVAIL et chants RELIGIEUX.

Puis une troisième forme de chant apparut : le BLUES.

C’est de ce BLUES que descend le JAZZ. Pourquoi ? Une des raisons apportée par les musicologues, c’est que les chants de TRAVAIL et RELIGIEUX organisent et structurent des activités de groupe. Ils ont donc des règles relativement stables. Le BLUES, plus souple, permet l’improvisation, ou permet de créer ses nouvelles règles.

La Nouvelle Orléans était un creuset où l’on trouvait des français, des espagnols, des africains, des anglo-saxons …il en résultait une plus grande tolérance que dans d’autres villes (même portuaires). A la Nouvelle Orléans, les esclaves affranchis pouvaient plus facilement acheter des biens et les faire fructifier.

Une culture musicale mixant les rythmes africains, le menuet, la polka, la valse, musique folklorique a pu s’y épanouir.

Mélanges des rythmes, mais aussi des instruments : percussions africaines, violons et saxophones européens, chants traditionnels US …

Les musiciens noirs de l’époque appelaient cette musique le RAGTIME.

C’est cette musique qui est devenu le JAZZ. Le mot Ragtime est devenu par la suite une façon de jouer au piano (SCOTT JOPLIN : The Entertainer).


On peut assez facilement établir une chronologie du JAZZ. Chaque nouveau courant venant souvent en réaction du précédent (ou montant sur les épaules du précédent, comme dit Helvet). Avec toutefois pas mal d’artistes qui arrivent à se renouveler suffisamment pour passer d’un courant à l’autre (DUKE ELLINGTON et MILES DAVIS en sont deux représentants magnifiques).

Bien évidemment, comme dans tout domaine et pas seulement artistique, des musiciens proposent parfois une relecture, une réinterprétation, voire un plagiat ou hommage d’un ancien courant. On parle alors de NEO-quelquechose ou de REVIVAL. Ces REVIVALS apparaissent tous les 30 ans, environ (comme en ce moment, nous vivons un revival de la musique des années 70/80. En fait cela correspond au moment où une génération prend le pouvoir et se met à jouer la musique qu’elle aimait quand elle était adolescente).

Années 1900 - JAZZ NEW ORLEANS

Ses représentants les plus connus sont LOUIS ARMSTRONG et plus près de nous, car il vécu en France pendant de nombreuses années, SYDNEY BECHET. On trouve aussi des disques de JELLY ROLL MORTON (des repiquage de 78T, voire des rouleaux), qui s’est autoproclamé, inventeur du Jazz.

Et le DIXIELAND, me dire-vous ? En gros, c’est du NEW ORLEANS, joué par des blancs !

Années 1920 – LE SWING

On appelle cette période le SWING, sachant que le SWING est l’essence même du Jazz. Il était donc présent déjà dans le RAGTIME.

Qu'est-ce que le SWING demandait une dame à FATS WALLER ? Madame, si vous avez à me le demandez, c'est que vous ne le saurez jamais !

Il n'y a pas de SWING tant que la note n'a pas retenti, dit DUKE ELINGTON.

On peut toutefois dire que le SWING, contrairement aux habitudes européennes, consiste à marquer les temps faibles (2° et 4° temps d'une mesure).

C’est l’époque magnifique des BIG BANDS (grands orchestres) de luxe de COUNT BASIE, de DUKE ELLINGTON, GLENN MILLER, BENNY GOODMAN, CAB CALLOWAY et ARTIE SHAW vers la fin de cette période ... C’est par Glenn MILLER que j’ai découvert le Jazz. Les BIG BANDS sont vraiment pour moi, le symbole de la gaîté et de la joie de vivre et un peu aussi de l’opulence. Difficile de ne pas claquer des doigts ou de taper du pied en les écoutant. C’est la musique des années folles avant le krach de 1929.

C’est aussi l’époque où le JAZZ se diffuse géographiquement de la Nouvelle Orléans vers Chicago dans un premier temps. C’est le début de la diversité dans le Jazz. L’apport du STYLE CHICAGO, ce sont les improvisations collectives au sein d’un orchestre. Vous entendrez aussi parler de style JUNGLE pour qualifier le BIG BAND de DUKE ELLINGTON (style de New York, si ne ne m'abuse).

Mais le SWING, ce ne sont pas que les BIG BANDS. Ce sont aussi de petites formations avec LIONEL HAMPTON, STEPHANE GRAPPELLI, ELLA FITZGERALD, COLEMAN HAWKINS, BEN WEBSTER et NAT KING COLE.

Années 1940 – BE BOP

En réaction aux BIG BANDS et à leur mécanique bien huilée, en leur reprochant d’être devenu une musique trop commerciale, de petites formations apparaissent dans les clubs de Jazz, composées bien souvent d’ailleurs des musiciens des BIG BANDS. Plus souples, moins chers à produire, elles créent un nouveau style musical. N’oublions pas que la crise économique était passée par là. La plupart des BIG BAND disparaissent petit à petit, ou réduisent le nombre de leurs musiciens.

Le BE BOP, est souvent personnifié par CHARLIE PARKER. « BIRD » (oiseau) est le surnom que lui ont donné ses contemporains en l’entendant jouer. On retrouve aussi BUD POWELL, DIZZY GILLESPIE, mon chouchou THELONIOUS MONK (70 compositions dans sa vie contre 5000 pour DUKE ELLINGTON ... mais que des standards) et surtout mon préféré d’entre tous, j’ai nommé BILL EVANS. Je ferais sans doute un post spécifique sur lui.

A la même période apparaît un REVIVAL du style NEW-ORLEANS et DIXIELAND (MAINSTREAM) : une autre façon de réagir à cette fin de cycle qui est la disparition des BIG BANDS.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’avec l’arrivée du BOP, le JAZZ n’est plus tout à fait une musique de danse …

Pour faire simple, le BE BOP se caractérise par un tempo plus rapide que le SWING. Les accords changent très rapidement. Le BE BOP présente un style plus heurté que le SWING. Vous vous doutez déjà qu’en réaction à cela, des musiciens vont inventer le …

Années 1950 – COOL et MODAL

Le COOL, on parle parfois de WEST COAST, est personnifié par CHET BAKET, STAN GETZ, Paul DESMOND, mais surtout MILES DAVIS et son album BIRTH OF THE COOL (datant de 1949). Attention MILES DAVIS est à l’origine un musicien BE BOP (mon premier album de lui, MILES DAVIS and the Moden Jazz Giant date de 1954 : vous voyez par cet exemple que la chronologie que je vous propose n’est pas aussi rigide dans la réalité, c’est juste une simplification pour expliquer).

Mêmes époques, mais ces deux termes COOL et MODAL recouvrent, si on veut être précis des réalités différentes.

Le COOL c’est assez facile à comprendre, c’est cool … C’est une réaction au rythme endiablé du BE BOP. A la limite, on peut prendre un thème SWING ou BE BOP et le jouer COOL.

En revanche, le MODAL vient non seulement en réaction du rythme du BE BOP, mais aussi de sa construction harmonique complexe. Un thème MODAL, contient souvent trois ou quatre accords, pas plus. On parle aussi pour le MODAL, de THIRD STREAM, par opposition au MAINSTREAM. On parle de musique impressionniste.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les théoriciens du COOL soulignent dans ce style l’intégration des influences de la musique classique européenne et dans le MODAL, en plus de la musique classique européenne, on ajoute l’influence des musiques orientales.

Le disque emblématique du courant MODAL, c’est KIND OF BLUE de MILES DAVIS, en 1959, avec JOHN COLTRANE, BILL EVANS, CANNONBAL ADDERLEY.

Année 1960 - HARD BOP et FREE JAZZ

Le BE BOP va évoluer vers le HARD BOP (JOHN COLTRANE, à écouter absolument).

Si le COOL est plutôt connoté « blanc », en réaction le HARD BOP est très clairement connoté « black is beautiful ».

Une tendance plus radicale va passer du HARD BOP vers le FREE JAZZ. Ce sont les années 60, quoi ! Le Jazz se fait plus contestataire en épousant les courants sociaux de son époque, comme il a toujours su le faire (ex, passage du SWING au BOP dans les années 40).

Années1970 – JAZZ ROCK et JAZZ FUSION

Ses principaux représentants sont MILES DAVIS (encore lui, comme vous avez pu le constater, il n’a pas été de la mouvance du HARD BOP et du FREE), HERBIE HANCOCK et WEATHER REPORT, JACO PASTORIUS, JOHN MAC LAUGHLIN. En France MAGMA et SIXUN. J’ai adoré cette musique, adolescent. Les influences du JAZZ, du ROCK, de la SOUL , etc …se mélangent.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à partir de ce courant, le JAZZ passe de musique acoustique à musique AMPLIFIEE.

Disque phare : BITCHES BREW de MILES DAVIS.

MILES DAVIS, aura donc sur une période de 40 ans été à l’origine ou à la confluence des principaux courant du JAZZ : c’est à mon sens tout à fait exceptionnel !

Années 1980 - NEO BOP

Je vais peut-être me faire tirer les oreilles, mais il me semble que ces années ne sont pas très riches sur le plan du Jazz. Il faut dire que c’est une période personnelle où j’écoutais moins de musique. Ma culture est lacunaire sur cette époque. En revanche, des artistes comme WYNTON MARSALIS font parler d’eux dans une tendance NEO-BOP. Un Jazz élégant, joués par des artistes d’une grande culture, connaissant leurs classiques sur le bout des doigts …

Années 1990 / 2000

Nous vivons actuellement une période très riche pour le JAZZ. En pratique, tous les styles coexistent en même temps. MAIS SURTOUT, DE NOUVEAU, des musiciens intègrent les courants musicaux et sociaux de leur époque dans le JAZZ.

On va trouver aujourd’hui du JAZZ WORLDMUSIC (JAN GARBAREK, RICHARD GALLIANO, RABIH ABOU-KHALIL), JAZZ DRUM’N BASS (ERIK TRUFFAZ), de JAZZ FUNK (JULIEN LOURAU) d’ACID JAZZ ou GROOVE JAZZ (ROY HARGROVE), d’ELECTRO JAZZ (LAURENT DE WILDE), revenant quelque part aux sources de cette musique : la DANCE. Toutefois le JAZZ CONTEMPORAIN (HENRY TEXIER, LOUIS SCLAVIS, MICHEL PORTAL) perpétue une approche plus intellectuelle. Et on trouve toujours des artistes NEO BOP (CASSANDRA WILSON, WYNTON MARSALIS, BRAD MEHLDAU).

Cette génération de jeunes musiciens joue en permanence sur plusieurs courant. JULIEN LOURAU alterne un disque de JAZZ FUNK avec un album classique (THE RISE - très réussi). LAURENT DE WILDE passe d’un hommage NEO BOP à THELONIOUS MONK à un album ELECTRO JAZZ, ROY HARGROVE fait de même avec son THE RH FACTOR … Et puis, enfin, surtout, absolument, mon préféré, BOJAN Z qui est une tendance à lui tout seul.

J’espère que ce rapide survol des principaux courant vous aidera à y voir plus clair et vous donnera envie de vous plonger dans ce siècle de culture musicale. Si vous avez des questions, n’hésitez pas.

Bonnes écoutes !
Modifié en dernier par syber le mer. 06 déc. 2006 15:22, modifié 1 fois.

Walt Distrait
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Message par Walt Distrait »

Trés beau c.r., le livre sort quand ? :lol:
Pas grand chose à ajouter, j'aurais vu le Rag à une autre époque, et avec plus d'importance, mais sans certitude.
Et puis j'aurais, pour ma part, rajouté Pat Metheny (fin 70), qui, avec son Pat Metheny's group, et notament Lyles Mays aux claviers/ Synthés, va tenter des jonctions avec d'autres styles.
Mais bon, ce cr n'est pas exhaustif, et si chacun commence à rajouter ses artistes ...
Non, vraiment, bravo.
Ce qu'il faudrait, maintenant, c'est un article sur le Jazz Français.

syber
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Message par syber »

Walt Distrait a écrit : ... Ce qu'il faudrait, maintenant, c'est un article sur le Jazz Français.

It's up to you !


:mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Walt Distrait
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Message par Walt Distrait »

Attends... je ne t'entend pas... je suis sous un tunel.. a..rto..veq..elb...
tut, tut, tut, tut,

helvet
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Message par helvet »

Bravo syber,

Beau travail de mise en perspective.
Rien à dire si ce n'est qu'on peut aller plus loin je me doute bien que tu dois pouvoir le faire.

J'apprécierai un commentaire complémentaire :

comment écouter le jazz quand la thématique parait absente, la rythmique incertaine, la tonalité variable, l'harmonie hasardeuse.

De plus j'ai lu un commentaire d'éric Truffaz disant qu'il ne voulait plus qu'on "s'emmerde" avec ça (je cite).

Je ne sais pas écouter Bojan, non plus je sais pas ce qu'il joue, il semble n'aller nulle part.

Et l'on sait "qu'il n'est point de vent favorable pour celui qui ne sait pas ou il va". Proverbe breton ???

Alors une petite initiation sur une approche de ce type de jazz.

Cordialement.

Helvet.

syber
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Message par syber »

Wow ....



En même temps, j'adore ta question Helvet. Elle a le mérite de me pousser dans mes retranchements et me force à mettre des mots sur des goûts que je ressent sans l'expliquer, parce que je suis habitué à écouter cette musique et que j'en apprécie tous les courants. Il est certain que le Jazz que tu décris m'est naturellement accessible, sans que je me pose toutes ces questions. Je ne suis pas musicien !

En revanche, je me souviens d'une expérience complètement inverse.

J'avais écouté des conférences de Pierre Boulez, il y a quelques années sur Arte. Il expliquait la logique de construction de la musique contemporaine. C'était de sa part magnifique d'intelligence, de clarté, de culture, de logique, de précision et de mise en perspective dans l'histoire de la musique dite classique.

Le seul problème c'est quand il jouait des exemples pour illustrer ses propos : aïe, aïe, aïe :oops: :oops: :oops:

Je ne comprenais pas !

L'écart culturel était trop important pour moi. C'était trop brutal de découvrir cette musique frontalement, sans initiation préalable.

Quels type de Jazz apprécies-tu le plus aujourd'hui ?

Car je vais essayer de te répondre ce que j'en pense.

A bientôt.

helvet
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Message par helvet »

OK,

J'écoute le plus aisement, Duke Ellington, billy Strayhorn, Jonhy Hodges,Winton Marsalis (la série standart time) Jelly roll Morton (sais-tu qu'il était francais) Oscar Peterson, errol Garner, Cannonball Adderley, Joe Henderson, Jacques Loussier, Ben webster....Julien Loureau.

Je m'apperçois en gros que c'est la meme période.

J'aime bien quand il ya une mélodie, une rythmique et dans le jazz chanté ou scaté j'apprécie la prosodie...

Voila c'est apparement tellement classique que j'ai bien peur d'etre incurable.

Cordialement.

Helvet.

syber
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Message par syber »

Très intéressant.

Je te prépare une réponse argumentée (donnes-moi quelques jours, afin que ce soit pertinent … j’ai un peu de boulot en ce moment).

A bientôt.




PS : je viens de recevoir Play Bach et le Sacre du Printemps par Boulez. mais pas encore le temps de les écouter.

helvet
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Message par helvet »

syber,

Un artiste quand il s'exprime, ou qu'il ose s'aventurer avec un instrument devant des milliers de personnes, je suppose que c'est parce qu'il est lui meme convaincu, du bien fondé de sa venue devant nous.

Alors pour nous dire quoi : la séduction (voir les psychiatres et les sciences comportementales)

Après, le gout de la fête (les rythmes, les cuivres)

Après son expérience de la vie, comment se sors-t-on des souffrances d'ici bas, par quels efforts rédempteurs (sens humain pas religieux), de la tristesse a la joie et le chemin mental. (la consolation et le courage)

Et puis donner du bonheur à comprendre, donner du divertissement.
Selon le niveau de l'artiste quelque chose est dit et entendu ou bien .... quoi ?

Depuis des millénaires le langage musical s'est complexifié dans toute ces directions, dans la littérature lorsque l'on est arrivé au roman moderne, il n'y avait plus de sens, alors en musique ?

Approche trop musique classique ?

Mais on parle des hommes et de leur pérégrinations physiques et mentales dans l'histoire des peuples.

Cordialement.

Helvet

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Message par helvet »

Syber,

Prends ton temps, je me demande si le sujet n'est pas inépuisable, il est lié à notre éducation et notre travail personnel.

Encore faut-il qu'il y en ait un.

Le gout pour l'excellence et l'indicible ne semble pas rétroactif sans aide extérieure (Freud)

Ce sont les empreintes famille société.

Mais n'allons pas plus loin.

La musique suffira.

Cordialement.

Helvet.

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Message par helvet »

Syber,

J'ai oublié, oui Play Bach est très bon, je ne suis pas loin de penser que "Baroques favorites" est encore meilleur...(plus de swing dans les premiers titres)

Le sacre par Boulez, il faut l'avoir, mais regarde dans la rubrique derniers achats, je mets un pseudo commentaire sur d'autres "sacre".

Un jour ou l'autre, plus tard si je comprends bien, ecoute Christina Pluhar.

A plus.

Helvet.

udayan
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Message par udayan »

Bonjour,

Alors là! Tout d'abord un grand bravo pour cette synthèse Syber.

Ensuite, je constate que nous avons, comme tu le supposais, tous un certain nombre d'artistes en commun.
Par exemple, Thélonius MONK, Bill Evans (le pianiste pour toi aussi, je suppose), Miles Davis (plutôt dans sa période cool en ce qui me concerne), Duke Ellington l'incontournable, Count Basie.....

Pour préciser un peu mon état d'esprit par rapport à la musique, je dirai qu'elle doit être accessible sans faire appel à une codification/culture spécifique trop lourde.
Car pour moi le mot art veut tout simplement dire Vecteur/support de communication.
Je n'ai donc pas cette espèce de soif d'apprentissage qui semble vous animer Helvet et toi. A vous lire, j'ai presque envie de faire comme vous !
En ce qui me concerne j'ai glissé d'un style à d'autres davantage par imprégnation que par volonté délibérée de compléter ma culture.


En pianiste, je me permets humblement de vous recommander Ahmad Jamal.

En sax, jetez une oreille sur Art Pepper, Gerry Mulligan, Lou Donaldson...

En voix, Eva Cassidy, Anita O Day, Ella of Course (la seule chanteuse à ma connaissance qui pensait sa voix comme un instrument de musique), Peter Cincotti.....

Il y a pour moi, chez tous ses artistes, une force émotionnelle considérable.
Sans oublier Chet Baker, qui jusqu'au bout, avait gardé l'envie de dire des choses avec sa trompette, au contraire d'un Stan Getz (saxo) qui vers la fin jouait davantage comme un Juke Box et n'exprimait plus beaucoup d'émotions.


Cordialement,




Udayan

helvet
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Message par helvet »

Bonjour Udayan,

Je pense que tu dis la meme chose que nous.

Je connais Ahmad Jamal, Gerry Mulligan, Ella, Stan Getz, pas les autres...

L'important c'est l'émotion provoquée.

Tu dis les choses sans le développer dans ton post, sinon c'est pareil...

Cordialement.

Helvet

syber
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Message par syber »

helvet a écrit : ... Play Bach ...
Heu ... je voulais dire The Bach Book !

helvet
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Message par helvet »

Syber,

Oui j'ai bien compris, c'est de celui ci que je parlais aussi,et je pense qu'il est nécessaire d'avoir Baroques favorites...

A plus.

Helvet

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Message par syber »

Helvet,


J’essaye de trouver un angle pour répondre, mais c’est assez difficile. Ca mènerait assez loin, car le thème que tu soulèves est transversal à bien des domaines.

Prenons l’histoire de l’art :

- Peinture rupestre à vocation d’enseignement immédiat et/ou chamanique, puis :
- Peinture égyptienne, décrivant la vie quotidienne et les rites polythéistes, puis :
- Peinture de la renaissance italienne glorifiant Dieu et nous présentant la vie de l’époque.

A toutes les époques, les artistes on ceci de commun qu’ils nous parlent de nous, d’eux, de notre relation au monde, de nos angoisses éternelles et nous proposent à leur manière une façon de nous en échapper (par le rire, par la fête, par la transcendance, par un sentiment religieux).

- Comment apprécier chaque style et chaque période ?
- Doit-on hiérarchiser une époque par rapport à une autre ?
- Si oui, y-aurait-il un sens à l’histoire ? Dans ce cas quel est l’objectif ?

Devant la perfection formelle de la peinture/sculpture de la renaissance italienne, que doivent faire les artistes des générations suivantes ?

- Saisi par tant de beauté, reproduire à l’infini ce style (au risque de devenir artisan et non artiste – il existe actuellement en Italie des artisans, qui savent reproduire une statue de Michel-Ange criante de vérité) ?
- Tétanisé par tant de perfection, décider d’arrêter toute production artistique (au risque de voir disparaître sa culture) ?
- Passer à autre chose en fonction des évènements de leur époque (rupture) ?
- Intégrer tous ces courants artistiques passés et ré-inventer son propre mode d’expression (évolution) ?


Ayant eu la chance de découvrir le Swing vers 12/13 ans, j’ai rapidement enchaîné vers le Bop, puis découvrant Led Zeppelin, Pink Floyd, etc…, la transition vers le Jazz Rock, etc … s’est faite naturellement. De fil en aiguille, j’ai abordé tous les courants du Jazz et ai complété mes écoutes.

Le Jazz peut se définir sur des critères de Swing, d’improvisation et d’interaction entre eux des membres du groupe.

Tes goûts musicaux te portent vers des musiques aux constructions plus rigoureuses, plus mélodiques, plus harmonieuses. Dans lesquelles, par exemple, l’improvisation, me semble-til, n’est pas de mise (l’interprétation de la partition, en revanche, si) et l’interaction entre musiciens est, me semble-t-il, dictée plus par la volonté de l’auteur et du chef d’orchestre, que par les musiciens eux-mêmes. Musiques que j’ai eu du mal à apprécier étant jeune (par manque d’initiation, de goût ou de persévérance ?).

La vraie question que je me pose, c’est :

- Dans l’histoire de la musique, que celle ci soit d’origine populaire ou émanant de la classe dirigeante, la mélodie est-elle la norme ?
- La mélodie, l’harmonie sont-elles des fins en soi musicalement parlant ?


Nos sociétés modernes sont violentes, urbaines, pratiquent le Zapping, découvrent un nouveau rapport de force Nord/sud, pensaient que la guerre en Europe, c’était fini. Chaque citoyen dispose de 150 chaînes de télé et peut choisir à midi de manger dans une dizaine de type de restaurants d’origines variées. Les artistes de Jazz qui choisissent de parler de leur époque intègrent ces courants.

Erik Truffaz, après avoir étudié au conservatoire de Genève et intégré l’orchestre de Suisse Romande, a choisi de s’orienter vers le Jazz, puis d’y intégrer les rythmes les plus modernes de la musique populaire. C’est sa volonté d’artiste. C’est sa manière d’exister au monde. Il est dans la lignée du Jazz-Fusion de Miles Davis (BITCHES BREW).

Pour être franc, compte tenu de sa formation classique, je le soupçonne d’adopter une posture dans la déclaration que tu cites !

Concernant, Bojan Z, il a lui aussi reçu une formation classique (il cite surtout Ravel et Debussy). C’est lui qui joue sur THE RISE de Julien Loureau. Bojan Z exprime deux tensions dans sa musique.

- Ses origines des Balkans (on retrouve beaucoup de thèmes folkloriques dans ses albums).
- Un aller – retour permanent entre Europe et les US. On retrouve également des sonorités de Jimmy Hendrix et de John Coltrane dans son dernier album.

Beaucoup d’humour dans ses albums, de détournements, de clins d’œil.

Maintenant, je pense qu’il est difficile de passer du Swing et du Bop à Truffaz et Bojan Z sans étapes intermédiaires. Il faudrait au moins essayer COLTRANE.


A bientôt.
Modifié en dernier par syber le ven. 06 oct. 2006 19:01, modifié 1 fois.

Walt Distrait
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Message par Walt Distrait »

Allez, hop, ce sujet est passé en Post it !

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Message par syber »

Walt Distrait a écrit :Allez, hop, ce sujet est passé en Post it !
Et c'est bien, ça ? :shock:

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Message par helvet »

Syber,

merci de ton travail de réflexion.

La difficulté pour moi ce sont les repères.

J'apprécie plus l'ordre et le langage élaboré, plutot que des borborigmes qui me bloquent le cerveau.

Le sculteur derriere Michael ange, ne peut pa jeter une boule de pate à modeler sur le mur et prétendre ou exiger une comparaison...

Tu connais sans doute cette anecdote ou un peintre a trempé la queue d'un ane dans la peinture et a mis une toile au contact , et l'ane remuant la queue... le peintre a proposé cela comme une création.

Sans le dire évidement !!!

J'ai une tendance a me méfier des arnaques de l'intelligence.

Le cerveau humain est une organisation complexe capable d'apréhender et le sens et le non sens, mais dans le cas du non sens il subodore une supercherie et se marre.

Je suis d'accord pour des langages nouveaux mais je dis bien "langage" communication, il suffit d'apprendre une nouvelle syntaxe, une autre langue en quelque sorte, certes.

Mais sans incriminer Bojan Z, ni Eric Truffaz spécialement, il faudrait que les artistes nous préviennent, parce que meme les clowns peuvent dire beaucoup de chose, mais alors ils structurent leur art.

Je n'ai pas de mal avec Goya, Picasso, Dali, Rousseau, Magrit...

Je te cite de mémoire, l'appréciation de Walt qui met un post en disant :

" le jazz c'était mieux avant !" pourquoi ?

Il va nous le dire sans doute.

Le but d'un artiste ce n'est pas de n'etre pas compris quoi qu'on en dise il y a des règles de communication entre les cerveaux, et je dis cela comme ca, parceque je veux retirer l'aspect culturel et historique.

L'oreille qui a la faculté de transformer les sons est Oh surprise organisée d'une manière logarythmique, d'ou la nature de la gamme.

On peut en sortir evidement, mais alors il faut s'attendre a une imcompréhension grandissante : la musique contemporaine, le dodécaphonisme etc...

Si je te réponds en plaquant les doigts et les mains sur le clavier, après la surprise, tu te marres, et tu hausses les épaules et tu passes ton chemin ...

Parce que j'ai exprimé soit de la colère soit du je m'enfoutisme, mais je n'ai pas répondu intelligiblement j'en ai le droit mais ca va ou...

Je ne dis pas cependant que les deux musiciens font cela mais dans le free jazz quelquefois....

C'est pour cela que je n'ai pas pu les entendre jusqu'au bout, mais j'ai essayé...

J'y retournerai sans doute... cependant j'ai pu écouter Messaien, stockahausen, ligetty, boulez, vareze, Arvo part, et j'ai eu moins de mal ...

Va savoir Charles...

Mais pour ceux que cela "gave" on peut aussi écouter la musique pour le ravissement et la beaute évidement.

Un grand merci encore pour ce travail.

Je pense bien comprendre...

Cordialement et bon courage.

Helvet.

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Message par syber »

Bonjour Helvet,


Franchement je pense que notre façon de voir les choses est très proche. J'ai tendance, personnellement (et après on dira que je ne m'engage pas), à penser que le FREE JAZZ est une impasse. Regarde sur la chronologie que je propose, c'est le seul mouvement pour lequel je ne cite pas d'artistes. Je suis d'autant plus conforté dans cette opinion que Miles Davis n'a pas été de ce courant :wink: : ouf ... mes valeurs sont sauves .

Pour la musique classique contemporaine (je vais citer Xenakis, comme tout béotien qui n'y connait pas grand chose), mon anecdote sur les conférences de Pierre Boulez traduit chez moi un malaise du même ordre, sans être aussi catégorique. Par manque de culture sur le sujet !

J'ai juste un gros clignotant qui s'allume dans mon cerveau !

(Dans les Tontons Flingueurs, quand Lino Ventura vient récupérer sa nièce chez Claude Rich et le dérange dans sa musique : Ah, le Rustre ... j'allais atteindre le non-accord absolu !)

La priorité reste avant tout le plaisir d'écoute.

Mais l'avant-garde est nécessaire car je pense que l'art doit également nous forcer à réfléchir et nous bousculer. Il faut toutefois savoir en trier le bon grain de l'ivraie : telle avant-garde sera réellement génératrice de variance génétique, telle autre ne s'adressera en définitive qu'à un club de Happy Few et ne débouchera sur rien. Le temps fait son office de tri, mais avoir quelques repères historique rend plus facile une lecture instantanée.

Je sais plus trop où je voulais en venir ... ca reviendra.

A bientôt.
Modifié en dernier par syber le sam. 07 oct. 2006 17:11, modifié 1 fois.

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