JAZZ - CHRONOLOGIE DES PRINCIPAUX COURANTS
Posté : jeu. 05 oct. 2006 12:51
Le JAZZ est né aux USA, crée par les descendants d’esclaves africains. Déracinés, exploités, ils ont exprimé leurs joies et leurs peines dans leur musique.
Un siècle plus tard, on regroupe sous le terme JAZZ des artistes aussi différents que Louis Armstrong, Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Miles Davis, Bill Evans, John Coltrane, Stan Getz, Chet Baker, Nina Simone, Rabi Abou-Khalil, Jaco Pastorius, Stéphane Grapelli, Michel Petrucciani, Django Reinhardt, Eric Truffaz, Richard Galliano, Uri Caine, Jan Garbarek, Wynton Marsalis, Marcus Miller, Esbjörn Svensson, Roy Hargrove et Bojan Zulfikarpasic …
Par cette malléabilité, cette possibilité de se mélanger à toutes les cultures et les styles, cette capacité à traverser en les intégrant tous les courants sociaux, certaines personnes bien plus cultivées que moi pensent que je Jazz constitue peut-être le principal apport culturel des USA au monde (occidental ?), bien avant le cinéma ou l’american way of life.
A ce titre, il est, me semble-t-il, au moins intéressant de s’y pencher et d’en maîtriser quelques éléments-clés.
Tout d’abord, que veux dire JAZZ, d’ou vient ce mot ?
Personne n’en est sûr. Le mot apparaît vers 1910. Il est utilisé comme verbe (to jazz) désignant une manière de jouer. Une des hypothèses citées est que cela serait une contraction de jackass (âne, imbécile) ; hypothèse confortée par le fait que l’on trouve des documents de cette époque où jazz est écrit « jass » : on parlait de JASS BAND, par exemple. Beaucoup de vieux musiciens ont admit en leur temps le bien fondé d’une connotation péjorative au mot jazz à ses débuts. Les musiciens noirs auraient adopté par dérision ce qualificatif que l’on donnait à leur musique. Chacun à sa version, vous trouverez également des personnes qui vous expliquerons, selon leur sensibilité, que le Jazz étant né dans les bordels de la Nouvelle-Orléans, le mot est connoté d’une autre manière … d’autre explications existent, toutes aussi crédibles.
Avant le JAZZ il y eu les chants d’esclaves : chants de TRAVAIL et chants RELIGIEUX.
Puis une troisième forme de chant apparut : le BLUES.
C’est de ce BLUES que descend le JAZZ. Pourquoi ? Une des raisons apportée par les musicologues, c’est que les chants de TRAVAIL et RELIGIEUX organisent et structurent des activités de groupe. Ils ont donc des règles relativement stables. Le BLUES, plus souple, permet l’improvisation, ou permet de créer ses nouvelles règles.
La Nouvelle Orléans était un creuset où l’on trouvait des français, des espagnols, des africains, des anglo-saxons …il en résultait une plus grande tolérance que dans d’autres villes (même portuaires). A la Nouvelle Orléans, les esclaves affranchis pouvaient plus facilement acheter des biens et les faire fructifier.
Une culture musicale mixant les rythmes africains, le menuet, la polka, la valse, musique folklorique a pu s’y épanouir.
Mélanges des rythmes, mais aussi des instruments : percussions africaines, violons et saxophones européens, chants traditionnels US …
Les musiciens noirs de l’époque appelaient cette musique le RAGTIME.
C’est cette musique qui est devenu le JAZZ. Le mot Ragtime est devenu par la suite une façon de jouer au piano (SCOTT JOPLIN : The Entertainer).
On peut assez facilement établir une chronologie du JAZZ. Chaque nouveau courant venant souvent en réaction du précédent (ou montant sur les épaules du précédent, comme dit Helvet). Avec toutefois pas mal d’artistes qui arrivent à se renouveler suffisamment pour passer d’un courant à l’autre (DUKE ELLINGTON et MILES DAVIS en sont deux représentants magnifiques).
Bien évidemment, comme dans tout domaine et pas seulement artistique, des musiciens proposent parfois une relecture, une réinterprétation, voire un plagiat ou hommage d’un ancien courant. On parle alors de NEO-quelquechose ou de REVIVAL. Ces REVIVALS apparaissent tous les 30 ans, environ (comme en ce moment, nous vivons un revival de la musique des années 70/80. En fait cela correspond au moment où une génération prend le pouvoir et se met à jouer la musique qu’elle aimait quand elle était adolescente).
Années 1900 - JAZZ NEW ORLEANS
Ses représentants les plus connus sont LOUIS ARMSTRONG et plus près de nous, car il vécu en France pendant de nombreuses années, SYDNEY BECHET. On trouve aussi des disques de JELLY ROLL MORTON (des repiquage de 78T, voire des rouleaux), qui s’est autoproclamé, inventeur du Jazz.
Et le DIXIELAND, me dire-vous ? En gros, c’est du NEW ORLEANS, joué par des blancs !
Années 1920 – LE SWING
On appelle cette période le SWING, sachant que le SWING est l’essence même du Jazz. Il était donc présent déjà dans le RAGTIME.
Qu'est-ce que le SWING demandait une dame à FATS WALLER ? Madame, si vous avez à me le demandez, c'est que vous ne le saurez jamais !
Il n'y a pas de SWING tant que la note n'a pas retenti, dit DUKE ELINGTON.
On peut toutefois dire que le SWING, contrairement aux habitudes européennes, consiste à marquer les temps faibles (2° et 4° temps d'une mesure).
C’est l’époque magnifique des BIG BANDS (grands orchestres) de luxe de COUNT BASIE, de DUKE ELLINGTON, GLENN MILLER, BENNY GOODMAN, CAB CALLOWAY et ARTIE SHAW vers la fin de cette période ... C’est par Glenn MILLER que j’ai découvert le Jazz. Les BIG BANDS sont vraiment pour moi, le symbole de la gaîté et de la joie de vivre et un peu aussi de l’opulence. Difficile de ne pas claquer des doigts ou de taper du pied en les écoutant. C’est la musique des années folles avant le krach de 1929.
C’est aussi l’époque où le JAZZ se diffuse géographiquement de la Nouvelle Orléans vers Chicago dans un premier temps. C’est le début de la diversité dans le Jazz. L’apport du STYLE CHICAGO, ce sont les improvisations collectives au sein d’un orchestre. Vous entendrez aussi parler de style JUNGLE pour qualifier le BIG BAND de DUKE ELLINGTON (style de New York, si ne ne m'abuse).
Mais le SWING, ce ne sont pas que les BIG BANDS. Ce sont aussi de petites formations avec LIONEL HAMPTON, STEPHANE GRAPPELLI, ELLA FITZGERALD, COLEMAN HAWKINS, BEN WEBSTER et NAT KING COLE.
Années 1940 – BE BOP
En réaction aux BIG BANDS et à leur mécanique bien huilée, en leur reprochant d’être devenu une musique trop commerciale, de petites formations apparaissent dans les clubs de Jazz, composées bien souvent d’ailleurs des musiciens des BIG BANDS. Plus souples, moins chers à produire, elles créent un nouveau style musical. N’oublions pas que la crise économique était passée par là. La plupart des BIG BAND disparaissent petit à petit, ou réduisent le nombre de leurs musiciens.
Le BE BOP, est souvent personnifié par CHARLIE PARKER. « BIRD » (oiseau) est le surnom que lui ont donné ses contemporains en l’entendant jouer. On retrouve aussi BUD POWELL, DIZZY GILLESPIE, mon chouchou THELONIOUS MONK (70 compositions dans sa vie contre 5000 pour DUKE ELLINGTON ... mais que des standards) et surtout mon préféré d’entre tous, j’ai nommé BILL EVANS. Je ferais sans doute un post spécifique sur lui.
A la même période apparaît un REVIVAL du style NEW-ORLEANS et DIXIELAND (MAINSTREAM) : une autre façon de réagir à cette fin de cycle qui est la disparition des BIG BANDS.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’avec l’arrivée du BOP, le JAZZ n’est plus tout à fait une musique de danse …
Pour faire simple, le BE BOP se caractérise par un tempo plus rapide que le SWING. Les accords changent très rapidement. Le BE BOP présente un style plus heurté que le SWING. Vous vous doutez déjà qu’en réaction à cela, des musiciens vont inventer le …
Années 1950 – COOL et MODAL
Le COOL, on parle parfois de WEST COAST, est personnifié par CHET BAKET, STAN GETZ, Paul DESMOND, mais surtout MILES DAVIS et son album BIRTH OF THE COOL (datant de 1949). Attention MILES DAVIS est à l’origine un musicien BE BOP (mon premier album de lui, MILES DAVIS and the Moden Jazz Giant date de 1954 : vous voyez par cet exemple que la chronologie que je vous propose n’est pas aussi rigide dans la réalité, c’est juste une simplification pour expliquer).
Mêmes époques, mais ces deux termes COOL et MODAL recouvrent, si on veut être précis des réalités différentes.
Le COOL c’est assez facile à comprendre, c’est cool … C’est une réaction au rythme endiablé du BE BOP. A la limite, on peut prendre un thème SWING ou BE BOP et le jouer COOL.
En revanche, le MODAL vient non seulement en réaction du rythme du BE BOP, mais aussi de sa construction harmonique complexe. Un thème MODAL, contient souvent trois ou quatre accords, pas plus. On parle aussi pour le MODAL, de THIRD STREAM, par opposition au MAINSTREAM. On parle de musique impressionniste.
Ce qu’il faut retenir, c’est que les théoriciens du COOL soulignent dans ce style l’intégration des influences de la musique classique européenne et dans le MODAL, en plus de la musique classique européenne, on ajoute l’influence des musiques orientales.
Le disque emblématique du courant MODAL, c’est KIND OF BLUE de MILES DAVIS, en 1959, avec JOHN COLTRANE, BILL EVANS, CANNONBAL ADDERLEY.
Année 1960 - HARD BOP et FREE JAZZ
Le BE BOP va évoluer vers le HARD BOP (JOHN COLTRANE, à écouter absolument).
Si le COOL est plutôt connoté « blanc », en réaction le HARD BOP est très clairement connoté « black is beautiful ».
Une tendance plus radicale va passer du HARD BOP vers le FREE JAZZ. Ce sont les années 60, quoi ! Le Jazz se fait plus contestataire en épousant les courants sociaux de son époque, comme il a toujours su le faire (ex, passage du SWING au BOP dans les années 40).
Années1970 – JAZZ ROCK et JAZZ FUSION
Ses principaux représentants sont MILES DAVIS (encore lui, comme vous avez pu le constater, il n’a pas été de la mouvance du HARD BOP et du FREE), HERBIE HANCOCK et WEATHER REPORT, JACO PASTORIUS, JOHN MAC LAUGHLIN. En France MAGMA et SIXUN. J’ai adoré cette musique, adolescent. Les influences du JAZZ, du ROCK, de la SOUL , etc …se mélangent.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à partir de ce courant, le JAZZ passe de musique acoustique à musique AMPLIFIEE.
Disque phare : BITCHES BREW de MILES DAVIS.
MILES DAVIS, aura donc sur une période de 40 ans été à l’origine ou à la confluence des principaux courant du JAZZ : c’est à mon sens tout à fait exceptionnel !
Années 1980 - NEO BOP
Je vais peut-être me faire tirer les oreilles, mais il me semble que ces années ne sont pas très riches sur le plan du Jazz. Il faut dire que c’est une période personnelle où j’écoutais moins de musique. Ma culture est lacunaire sur cette époque. En revanche, des artistes comme WYNTON MARSALIS font parler d’eux dans une tendance NEO-BOP. Un Jazz élégant, joués par des artistes d’une grande culture, connaissant leurs classiques sur le bout des doigts …
Années 1990 / 2000
Nous vivons actuellement une période très riche pour le JAZZ. En pratique, tous les styles coexistent en même temps. MAIS SURTOUT, DE NOUVEAU, des musiciens intègrent les courants musicaux et sociaux de leur époque dans le JAZZ.
On va trouver aujourd’hui du JAZZ WORLDMUSIC (JAN GARBAREK, RICHARD GALLIANO, RABIH ABOU-KHALIL), JAZZ DRUM’N BASS (ERIK TRUFFAZ), de JAZZ FUNK (JULIEN LOURAU) d’ACID JAZZ ou GROOVE JAZZ (ROY HARGROVE), d’ELECTRO JAZZ (LAURENT DE WILDE), revenant quelque part aux sources de cette musique : la DANCE. Toutefois le JAZZ CONTEMPORAIN (HENRY TEXIER, LOUIS SCLAVIS, MICHEL PORTAL) perpétue une approche plus intellectuelle. Et on trouve toujours des artistes NEO BOP (CASSANDRA WILSON, WYNTON MARSALIS, BRAD MEHLDAU).
Cette génération de jeunes musiciens joue en permanence sur plusieurs courant. JULIEN LOURAU alterne un disque de JAZZ FUNK avec un album classique (THE RISE - très réussi). LAURENT DE WILDE passe d’un hommage NEO BOP à THELONIOUS MONK à un album ELECTRO JAZZ, ROY HARGROVE fait de même avec son THE RH FACTOR … Et puis, enfin, surtout, absolument, mon préféré, BOJAN Z qui est une tendance à lui tout seul.
J’espère que ce rapide survol des principaux courant vous aidera à y voir plus clair et vous donnera envie de vous plonger dans ce siècle de culture musicale. Si vous avez des questions, n’hésitez pas.
Bonnes écoutes !
Un siècle plus tard, on regroupe sous le terme JAZZ des artistes aussi différents que Louis Armstrong, Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Miles Davis, Bill Evans, John Coltrane, Stan Getz, Chet Baker, Nina Simone, Rabi Abou-Khalil, Jaco Pastorius, Stéphane Grapelli, Michel Petrucciani, Django Reinhardt, Eric Truffaz, Richard Galliano, Uri Caine, Jan Garbarek, Wynton Marsalis, Marcus Miller, Esbjörn Svensson, Roy Hargrove et Bojan Zulfikarpasic …
Par cette malléabilité, cette possibilité de se mélanger à toutes les cultures et les styles, cette capacité à traverser en les intégrant tous les courants sociaux, certaines personnes bien plus cultivées que moi pensent que je Jazz constitue peut-être le principal apport culturel des USA au monde (occidental ?), bien avant le cinéma ou l’american way of life.
A ce titre, il est, me semble-t-il, au moins intéressant de s’y pencher et d’en maîtriser quelques éléments-clés.
Tout d’abord, que veux dire JAZZ, d’ou vient ce mot ?
Personne n’en est sûr. Le mot apparaît vers 1910. Il est utilisé comme verbe (to jazz) désignant une manière de jouer. Une des hypothèses citées est que cela serait une contraction de jackass (âne, imbécile) ; hypothèse confortée par le fait que l’on trouve des documents de cette époque où jazz est écrit « jass » : on parlait de JASS BAND, par exemple. Beaucoup de vieux musiciens ont admit en leur temps le bien fondé d’une connotation péjorative au mot jazz à ses débuts. Les musiciens noirs auraient adopté par dérision ce qualificatif que l’on donnait à leur musique. Chacun à sa version, vous trouverez également des personnes qui vous expliquerons, selon leur sensibilité, que le Jazz étant né dans les bordels de la Nouvelle-Orléans, le mot est connoté d’une autre manière … d’autre explications existent, toutes aussi crédibles.
Avant le JAZZ il y eu les chants d’esclaves : chants de TRAVAIL et chants RELIGIEUX.
Puis une troisième forme de chant apparut : le BLUES.
C’est de ce BLUES que descend le JAZZ. Pourquoi ? Une des raisons apportée par les musicologues, c’est que les chants de TRAVAIL et RELIGIEUX organisent et structurent des activités de groupe. Ils ont donc des règles relativement stables. Le BLUES, plus souple, permet l’improvisation, ou permet de créer ses nouvelles règles.
La Nouvelle Orléans était un creuset où l’on trouvait des français, des espagnols, des africains, des anglo-saxons …il en résultait une plus grande tolérance que dans d’autres villes (même portuaires). A la Nouvelle Orléans, les esclaves affranchis pouvaient plus facilement acheter des biens et les faire fructifier.
Une culture musicale mixant les rythmes africains, le menuet, la polka, la valse, musique folklorique a pu s’y épanouir.
Mélanges des rythmes, mais aussi des instruments : percussions africaines, violons et saxophones européens, chants traditionnels US …
Les musiciens noirs de l’époque appelaient cette musique le RAGTIME.
C’est cette musique qui est devenu le JAZZ. Le mot Ragtime est devenu par la suite une façon de jouer au piano (SCOTT JOPLIN : The Entertainer).
On peut assez facilement établir une chronologie du JAZZ. Chaque nouveau courant venant souvent en réaction du précédent (ou montant sur les épaules du précédent, comme dit Helvet). Avec toutefois pas mal d’artistes qui arrivent à se renouveler suffisamment pour passer d’un courant à l’autre (DUKE ELLINGTON et MILES DAVIS en sont deux représentants magnifiques).
Bien évidemment, comme dans tout domaine et pas seulement artistique, des musiciens proposent parfois une relecture, une réinterprétation, voire un plagiat ou hommage d’un ancien courant. On parle alors de NEO-quelquechose ou de REVIVAL. Ces REVIVALS apparaissent tous les 30 ans, environ (comme en ce moment, nous vivons un revival de la musique des années 70/80. En fait cela correspond au moment où une génération prend le pouvoir et se met à jouer la musique qu’elle aimait quand elle était adolescente).
Années 1900 - JAZZ NEW ORLEANS
Ses représentants les plus connus sont LOUIS ARMSTRONG et plus près de nous, car il vécu en France pendant de nombreuses années, SYDNEY BECHET. On trouve aussi des disques de JELLY ROLL MORTON (des repiquage de 78T, voire des rouleaux), qui s’est autoproclamé, inventeur du Jazz.
Et le DIXIELAND, me dire-vous ? En gros, c’est du NEW ORLEANS, joué par des blancs !
Années 1920 – LE SWING
On appelle cette période le SWING, sachant que le SWING est l’essence même du Jazz. Il était donc présent déjà dans le RAGTIME.
Qu'est-ce que le SWING demandait une dame à FATS WALLER ? Madame, si vous avez à me le demandez, c'est que vous ne le saurez jamais !
Il n'y a pas de SWING tant que la note n'a pas retenti, dit DUKE ELINGTON.
On peut toutefois dire que le SWING, contrairement aux habitudes européennes, consiste à marquer les temps faibles (2° et 4° temps d'une mesure).
C’est l’époque magnifique des BIG BANDS (grands orchestres) de luxe de COUNT BASIE, de DUKE ELLINGTON, GLENN MILLER, BENNY GOODMAN, CAB CALLOWAY et ARTIE SHAW vers la fin de cette période ... C’est par Glenn MILLER que j’ai découvert le Jazz. Les BIG BANDS sont vraiment pour moi, le symbole de la gaîté et de la joie de vivre et un peu aussi de l’opulence. Difficile de ne pas claquer des doigts ou de taper du pied en les écoutant. C’est la musique des années folles avant le krach de 1929.
C’est aussi l’époque où le JAZZ se diffuse géographiquement de la Nouvelle Orléans vers Chicago dans un premier temps. C’est le début de la diversité dans le Jazz. L’apport du STYLE CHICAGO, ce sont les improvisations collectives au sein d’un orchestre. Vous entendrez aussi parler de style JUNGLE pour qualifier le BIG BAND de DUKE ELLINGTON (style de New York, si ne ne m'abuse).
Mais le SWING, ce ne sont pas que les BIG BANDS. Ce sont aussi de petites formations avec LIONEL HAMPTON, STEPHANE GRAPPELLI, ELLA FITZGERALD, COLEMAN HAWKINS, BEN WEBSTER et NAT KING COLE.
Années 1940 – BE BOP
En réaction aux BIG BANDS et à leur mécanique bien huilée, en leur reprochant d’être devenu une musique trop commerciale, de petites formations apparaissent dans les clubs de Jazz, composées bien souvent d’ailleurs des musiciens des BIG BANDS. Plus souples, moins chers à produire, elles créent un nouveau style musical. N’oublions pas que la crise économique était passée par là. La plupart des BIG BAND disparaissent petit à petit, ou réduisent le nombre de leurs musiciens.
Le BE BOP, est souvent personnifié par CHARLIE PARKER. « BIRD » (oiseau) est le surnom que lui ont donné ses contemporains en l’entendant jouer. On retrouve aussi BUD POWELL, DIZZY GILLESPIE, mon chouchou THELONIOUS MONK (70 compositions dans sa vie contre 5000 pour DUKE ELLINGTON ... mais que des standards) et surtout mon préféré d’entre tous, j’ai nommé BILL EVANS. Je ferais sans doute un post spécifique sur lui.
A la même période apparaît un REVIVAL du style NEW-ORLEANS et DIXIELAND (MAINSTREAM) : une autre façon de réagir à cette fin de cycle qui est la disparition des BIG BANDS.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’avec l’arrivée du BOP, le JAZZ n’est plus tout à fait une musique de danse …
Pour faire simple, le BE BOP se caractérise par un tempo plus rapide que le SWING. Les accords changent très rapidement. Le BE BOP présente un style plus heurté que le SWING. Vous vous doutez déjà qu’en réaction à cela, des musiciens vont inventer le …
Années 1950 – COOL et MODAL
Le COOL, on parle parfois de WEST COAST, est personnifié par CHET BAKET, STAN GETZ, Paul DESMOND, mais surtout MILES DAVIS et son album BIRTH OF THE COOL (datant de 1949). Attention MILES DAVIS est à l’origine un musicien BE BOP (mon premier album de lui, MILES DAVIS and the Moden Jazz Giant date de 1954 : vous voyez par cet exemple que la chronologie que je vous propose n’est pas aussi rigide dans la réalité, c’est juste une simplification pour expliquer).
Mêmes époques, mais ces deux termes COOL et MODAL recouvrent, si on veut être précis des réalités différentes.
Le COOL c’est assez facile à comprendre, c’est cool … C’est une réaction au rythme endiablé du BE BOP. A la limite, on peut prendre un thème SWING ou BE BOP et le jouer COOL.
En revanche, le MODAL vient non seulement en réaction du rythme du BE BOP, mais aussi de sa construction harmonique complexe. Un thème MODAL, contient souvent trois ou quatre accords, pas plus. On parle aussi pour le MODAL, de THIRD STREAM, par opposition au MAINSTREAM. On parle de musique impressionniste.
Ce qu’il faut retenir, c’est que les théoriciens du COOL soulignent dans ce style l’intégration des influences de la musique classique européenne et dans le MODAL, en plus de la musique classique européenne, on ajoute l’influence des musiques orientales.
Le disque emblématique du courant MODAL, c’est KIND OF BLUE de MILES DAVIS, en 1959, avec JOHN COLTRANE, BILL EVANS, CANNONBAL ADDERLEY.
Année 1960 - HARD BOP et FREE JAZZ
Le BE BOP va évoluer vers le HARD BOP (JOHN COLTRANE, à écouter absolument).
Si le COOL est plutôt connoté « blanc », en réaction le HARD BOP est très clairement connoté « black is beautiful ».
Une tendance plus radicale va passer du HARD BOP vers le FREE JAZZ. Ce sont les années 60, quoi ! Le Jazz se fait plus contestataire en épousant les courants sociaux de son époque, comme il a toujours su le faire (ex, passage du SWING au BOP dans les années 40).
Années1970 – JAZZ ROCK et JAZZ FUSION
Ses principaux représentants sont MILES DAVIS (encore lui, comme vous avez pu le constater, il n’a pas été de la mouvance du HARD BOP et du FREE), HERBIE HANCOCK et WEATHER REPORT, JACO PASTORIUS, JOHN MAC LAUGHLIN. En France MAGMA et SIXUN. J’ai adoré cette musique, adolescent. Les influences du JAZZ, du ROCK, de la SOUL , etc …se mélangent.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à partir de ce courant, le JAZZ passe de musique acoustique à musique AMPLIFIEE.
Disque phare : BITCHES BREW de MILES DAVIS.
MILES DAVIS, aura donc sur une période de 40 ans été à l’origine ou à la confluence des principaux courant du JAZZ : c’est à mon sens tout à fait exceptionnel !
Années 1980 - NEO BOP
Je vais peut-être me faire tirer les oreilles, mais il me semble que ces années ne sont pas très riches sur le plan du Jazz. Il faut dire que c’est une période personnelle où j’écoutais moins de musique. Ma culture est lacunaire sur cette époque. En revanche, des artistes comme WYNTON MARSALIS font parler d’eux dans une tendance NEO-BOP. Un Jazz élégant, joués par des artistes d’une grande culture, connaissant leurs classiques sur le bout des doigts …
Années 1990 / 2000
Nous vivons actuellement une période très riche pour le JAZZ. En pratique, tous les styles coexistent en même temps. MAIS SURTOUT, DE NOUVEAU, des musiciens intègrent les courants musicaux et sociaux de leur époque dans le JAZZ.
On va trouver aujourd’hui du JAZZ WORLDMUSIC (JAN GARBAREK, RICHARD GALLIANO, RABIH ABOU-KHALIL), JAZZ DRUM’N BASS (ERIK TRUFFAZ), de JAZZ FUNK (JULIEN LOURAU) d’ACID JAZZ ou GROOVE JAZZ (ROY HARGROVE), d’ELECTRO JAZZ (LAURENT DE WILDE), revenant quelque part aux sources de cette musique : la DANCE. Toutefois le JAZZ CONTEMPORAIN (HENRY TEXIER, LOUIS SCLAVIS, MICHEL PORTAL) perpétue une approche plus intellectuelle. Et on trouve toujours des artistes NEO BOP (CASSANDRA WILSON, WYNTON MARSALIS, BRAD MEHLDAU).
Cette génération de jeunes musiciens joue en permanence sur plusieurs courant. JULIEN LOURAU alterne un disque de JAZZ FUNK avec un album classique (THE RISE - très réussi). LAURENT DE WILDE passe d’un hommage NEO BOP à THELONIOUS MONK à un album ELECTRO JAZZ, ROY HARGROVE fait de même avec son THE RH FACTOR … Et puis, enfin, surtout, absolument, mon préféré, BOJAN Z qui est une tendance à lui tout seul.
J’espère que ce rapide survol des principaux courant vous aidera à y voir plus clair et vous donnera envie de vous plonger dans ce siècle de culture musicale. Si vous avez des questions, n’hésitez pas.
Bonnes écoutes !