reglisse a écrit :Crao a écrit :Bonsoir Helvet,
helvet a écrit :Pour Crao, je suis un peu surpris, en sachant qu'un des objectifs du violon est de se substituer à la voix, c'est du moins une idée qui sous-tend l'évolution non seulement du violon mais de beaucoup d'instruments.
C'est la première fois que je lis ça, j'ai joué pendant des années du violon en l'ignorant, et je pense que je vais continuer à l'ignorer.
Et pourtant, oui, le violon a été créé pour remplacer/suppléer la voix des castras...
Bonjour Crao, bonjour Helvet, bonjour à tous,
Eh bien pour le coup, je suis moi aussi surpris d'apprendre que le violon -- ou n'importe quel autre instrument -- a été créé pour se substituer à la voix... il s'agit là pour le moins d'un audacieux raccourci.
Aucun instrument n'a été conçu avec cet objectif. Ce qui est certain, c'est que les plus anciennes musiques connues en Occident sont vocales et le plus souvent religieuses. Parallèlement à ces répertoires vocaux sacrés se sont développés des musiques instrumentales
fonctionnelles, c'est-à-dire destinées soit à accompagner des cérémonies civiles ou militaires dont elles rehaussaient l'éclat (Grèce antique, Rome...), soit à accompagner la danse.
Beaucoup plus tard (Haut Moyen-Age) apparait une pratique consistant à mêler voix et instrument(s) : on sait avec certitude que troubadours et autres ménestrels chantaient avec un accompagnement instrumental. De même à l'église, le développement progressif de l'orgue (à partir du XIIe siècle) correspond à un besoin acoustique : au fur et à mesure que les églises et cathédrales deviennent de plus en plus vastes, il faut un instrument suffisamment puissant capable de soutenir et guider le chant de l'assemblée. Il y a complémentarité entre voix et instrument.
Enfin à la Renaissance, le retour à l'Antique considéré comme modèle insurpassable et toutes les recherches théoriques et pratiques liées à cet idéal aboutissent à l'émergence d'un genre totalement nouveau : l'opéra, qui du moins à l'origine prétend retrouver le chant des anciens Grecs. La voix est donc un élément essentiel de la pratique musicale, qu'elle soit sacrée ou profane.
Parallèlement existe une musique purement instrumentale, souvent comme déjà dit d'inspiration chorégraphique, qui peu à peu va s'émanciper de la tutelle de la danse et de la voix. Les musiciens qui composent ces musiques ne cherchent
pas à substituer leurs instruments à la voix mais prennent celle-ci pour
modèle, ce qui est très différent. L'évolution de la facture instrumentale va permettre aux virtuoses d'adapter à leurs instruments (violon, certes, mais aussi cornet à bouquin, considéré au XVIe siècle comme le plus proche de la voix humaine, clavecin, violes...) les
ornements pratiqués par les chanteurs pour embellir et varier leur chant.
Ce ne sera qu'au XVIIe siècle que la musique instrumentale se dégagera définitivement du modèle vocal pour évoluer de manière autonome, en inventant un langage neuf, dégagé des contraintes vocales.
Cordialement.