Installation d'une paire de Goéland M4

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oso
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Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

J'ouvre ce fil pour poursuivre une conversation qui est venue s'insérer dans un autre fil qui n'a rien à voir.

Après un an de vie heureuse avec un couple Yawl/AM1000, j'ai eu l'opportunité d'acquérir une paire de Goéland M4. Je n'ai pas encore eu le temps d'écrire le CR qui sera sans doute assez long car je compte décrire ces enceintes un peu particulières dans le détail.

Au plaisir

Olivier
Modifié en dernier par oso le jeu. 06 oct. 2016 13:47, modifié 1 fois.

brett952
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par brett952 »

Ce fil va être passionnant!

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Laurent77
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par Laurent77 »

A suivre ! :wink:

crimson
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par crimson »

Génial ! 8)
Il doit leur falloir une grande salle... pour qu'elles puissent bien s'exprimer. Quelle est la taille de la pièce d'écoute ?

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

L'acquisition de ces Goéland est le fruit d'une démarche assez longue qui dépend étroitement du type de musique que j'écoute et de ma façon d'envisager la reproduction sonore. Je vais donc présenter ces Goéland en plusieurs parties après avoir expliqué le sens de ma démarche. Les plus pressés pourront aller directement au fait, un peu plus bas. Je précise que ce fil s'inspire largement des discussions très riches que j'ai eues avec Philippe Muller, Chef Produits Cabasse de 1982 à 1996.

Il faut noter que ma démarche est celle de quelqu’un qui écoute principalement de la musique classique, qui fréquente les concerts et les musiciens (à la maison). Mon objectif en terme de Hifi est simple : reproduire chez moi dans les limites de ce que peut offrir la stéreo en 2 canaux, l’évènement sonore enregistré, en l’altérant le moins possible.
Idéalement, je recherche la chaine la plus stupide du monde : celle qui ne fait que reproduire, sans rien ajouter ni retrancher au signal. Ce que je recherche n’est pas le son le plus beau, mais le son le plus vrai. Il n’y pour moi aucune place pour le « goût » de l’auditeur dans la hifi telle que je la conçois.


Pourquoi des Cabasse ?

Il se trouve que Georges Cabasse a défendu cette conception de la Haute Fidélité à travers les productions qui ont porté son nom, jusqu’à ce qu’il se retire des affaires dans les années 90. De façon très synthétique, la technique d’enregistrement à la base du travail de Georges Cabasse et de Bernard Neveu, preneur de son et compagnon de route du fondateur de la société depuis les années 50, est dérivée du principe de Huygens : les micros ominidirectionnels (à petites capsules) sont utilisés pour enregistrer, en 2, 4, 5 ou 6 points séparés de plusieurs mètres, le front d’onde.

L'objectif est bien sûr de parvenir à restituer le front d'onde à domicile

Cela s’effectue au moyen d’enceintes qui devront se rapprocher le plus possible du « micro omnidirectionnel à l’envers » : à chaque micro correspond une enceinte. Les enceintes sont placées dans la pièce de la même façon que les micros dans la salle de concert (au moins homothétiquement) et toutes les enceintes sont identiques entre elles.

L’objectif de Georges Cabasse a été de proposer le meilleur « micro à l’envers » possible.

La validation des enceintes se faisait alors par des tests de «live musique » : l’évènement sonore en direct étant en temps réel comparé à sa reproduction par les enceintes.

C’était en effet la seule façon fiable de ne pas faire intervenir le « gout » des auditeurs, qui est un obstacle à la réalisation d’une chaîne haute fidélité. Ce protocole explique sans doute aussi pourquoi ces vieilles dames ont du mal à se démoder. Il faut noter que le noyau dur de l'équipe dirigeante bénéficiait d'une grande culture musicale et technique. Ceci est fondamental lorsqu'il s'agit de choisir et valider par l'écoute les compromis techniques qui entrent en compte lors de la conception et la réalisation d'un modèle. Le bras droit de G. Cabasse, François Bellec, un ingénieur "SupElec" a dirigé le laboratoire Cabasse. C'est lui qui mettait au point "les enceintes que Georges Cabasse voulait entendre".

A l'évidence, ce sont ce protocole et cette culture, bien plus que les technologies employées, qui ont forgé le caractère de cette marque qui a équipé pendant plus de 30 ans la Maison de la Radio. Cabasse était d'autre part très célèbre pour ses démonstrations de "live music" en public dans les salons.

Tout ceci est expliqué dans le Guide "Reflexions sur le choix des enceintes acoustiques" ainsi que sur le document "20 questions..." édités par Cabasse. Ces documents sont un trésor de pédagogie pour comprendre à quoi correspond la définition de la Haute Fidélité, et la philosophie de la marque qui en découle (ici: https://www.forumcabasse.org/wiki/R%C3% ... coustiques et là https://www.forumcabasse.org/wiki/20_questions. )

A ce titre, il n'est pas vain de lire cette interview de G. Cabasse dans la revue l'Audiophile en 1990 : https://www.forumcabasse.org/wiki/Inter ... es_Cabasse

Les enceintes Cabasse de l’époque correspondent donc tout à fait aux principes de ma démarche. Il existe peut-être aujourd’hui des enceintes encore plus performantes qui y correspondraient également, mais je ne sais pas qui les fabrique ; le cas échéant, elles seraient sans doute bien plus chères que de vieilles Cabasse d’occasion. Par ailleurs, l’incompétence des vendeurs de hifi que j’ai croisés ne m’incite pas à fréquenter leurs magasins pour trouver la perle rare.

L’expérience vécue avec l’optimisation du couple Yawl/AM1000 dans mon séjour pendant ces 12 derniers mois, en veillant particulièrement au couplage salle/enceintes m’a prouvé que les discours de Cabasse à l’époque ne sonnaient pas creux, mais vrai. J'ai décrit cela ici: viewtopic.php?f=41&t=9647.

J’aurais largement pu continuer ma route avec le Yawl mais une visite au printemps dernier chez le preneur de son et compagnon de route de Georges Cabasse, Bernard Neveu (maison de disques BNL), a contribué à la poursuite d’une réflexion en faveur de l’optimisation intégrale d’un système Haute-Fidélité à 2 canaux chez moi (c'est ici: https://www.forumcabasse.org/wiki/Inter ... es_Cabasse).

En effet, si le Yawl permet de reproduire facilement les petites formations (Piano_voix_violoncelle par exemple), l’expérience vécue chez M. Neveu m’a démontré qu’il était possible de reproduire de façon très satisfaisante (euphémisme :-D ) les grandes formations en améliorant principalement la capacité de restitution de l’extrême grave. Bien que le grave du Yawl soit surprenant de rapidité, de transparence et de tenue, cette belle enceinte ne parvient pas à rendre totalement justice aux soubassements d’un orchestre symphonique ou d’un 32 pieds d’orgue, ce qui est normal.

Je travaille à suite (la question de la taille de la salle sera évoquée plus tard:-D )
Modifié en dernier par oso le jeu. 07 déc. 2017 09:35, modifié 12 fois.

brett952
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par brett952 »

Vivement la suite! Merci oso.

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

brett952 a écrit :Vivement la suite! Merci oso.
C'est mieux que Game of Thrones :shock: :::terroir

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

Deux options ce sont présentées à moi dans le but d’une restitution haute-fidélité sans compromis: l’évolution vers la bi-amplification active avec un caisson par canal, ou bien l’acquisition d’enceintes plus ambitieuses.

1) La première option était à priori la plus séduisante pour la souplesse des réglages du niveau des basses en fonction de mon salon. Il me fallait acquérir deux caissons (pour éviter la sommation électrique des signaux déphasés dans le grave avec le filtrage en peigne qui en découle), un filtre actif Cabasse et un ampli.
A ce stade, j’envisageais également de substituer aux Yawl les Caravelle, voire les Colonne 100. En effet, j’ai été absolument conquis par les performances des enceintes pourvues des Dom 12 et 4, capables d’ouvrir une fenêtre réaliste et vivante sur l’évènement sonore, et mon objectif était de conserver les qualités inhérentes à ces HP. Je ne suis pas en cela très original, Radio France s’est contenté de ce couple pendant une bonne trentaine d’année. D’ailleurs, le Mistral, sorte de gros Galion 7 bass reflex, incorporant l'AM1000, trône toujours dans certains studios (je les ai vus dans le studio 107 de la Maison de la Radio la semaine dernière).

Les points forts du Yawl se concentrent dans la qualité de l’image, la neutralité et l’énergie impressionnante, cette dernière étant largement la conséquence de l’emploi du 30 cm.
Il existe cependant un compromis au niveau de la fusion entre le médium Dom12 et le grave/medium de 30 cm. Très réussi par l’équipe de François Bellec, ce mariage trouve cependant des limites dans la directivité du 30M20 qui augmente dans le médium (au-dessus de 600 Hz) ; par ailleurs, la masse de cette grande membrane fait de ce HP un moins bon medium que ce que pourrait fournir un 21 ou un 17 cm.

La Colonne 100 ou la Caravelle (21 cm/DOM12/DOM4), couplées en biamplification active avec de bons caissons (je visais des Volcans P30), réunissent toutes les caractéristiques pour proposer une liaison bas medium/haut medium optimisée ; avec le soutien des caissons, l’ampleur et la qualité d’un tel système n’ont potentiellement rien à envier à un Yawl, un Galion ou même un Brigantin.
La rareté des caissons et la difficulté potentielle pour les placer dans mon séjour m’ont conduit à ne pas poursuivre dans cette direction.

2) La seconde option consiste à remplacer le Yawl par une enceinte plus ambitieuse. L’idée d’un Galion 6 ou 7 est séduisante, mais si l’on gagne très certainement des points dans le médium, l’exploration de l’extrême grave reste très proche des performances du Yawl ;

Progressivement, l’idée d’un modèle actif et asservi à fait son chemin.

En effet, l’utilisation de ces techniques par Cabasse permettait de contourner un certain nombre de défauts inhérents aux modèles passifs de l’époque en réalisant :

- l’alignement parfait des HP en niveau grâce à la multi-amplification active
- l’optimisation poussée de la transition entre les HP, difficile à obtenir avec un filtre passif
- le contrôle actif du déplacement des grandes membranes pour réduire le trainage, la distorsion et étendre la réponse dans le grave.
Modifié en dernier par oso le ven. 13 oct. 2017 10:46, modifié 4 fois.

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

Les 4 modèles les plus récents, sortis au début des années 80 et suivis jusqu’au milieu des années 90 sont le Pétrel, l’Eider, le Goéland et l’Albatros. J’ai exclu cette dernière enceinte dont le volume très important est incompatible avec mon séjour.

Le Pétrel
Je dois remercier en particulier à ce sujet Brett et Philippe Muller (preneur de son au studio Passavant qu’il a créé, et ancien Chef Produits Cabasse), qui ont possédé tour à tour la même paire de Pétrel M1. Pour la petite histoire, celle-ci a eu comme premier propriétaire Jean Paul Voegelin, l’ancien Directeur Commercial de la Société Cabasse (chef d’orchestre et musicien de Jazz également).

Cette paire de Pétrel M1 est un modèle qui a été spécifiquement ajusté par François Bellec, ancien bras droit et Directeur du Labo de Recherche Cabasse. La lecture des comptes rendus d’écoute de ces enceintes est principalement à l’origine de mon intérêt pour les enceintes asservies dans ce projet.
La rareté du Pétrel se doublait en ce qui me concerne d’une autre contrainte : je privilégiais le modèle M1, voire M2, mais pas le 3.

Ce choix trouve sa raison dans l’histoire et l’évolution de cette série qui s’est faite sous la double contrainte d’éléments techniques et commerciaux. En effet, et contrairement à ce qu’on pourrait penser à priori, l’adoption d’un 30 cm nid d’abeille pour le Pétrel 3 ne comporte pas que des avantages.
En effet, la contre-partie de la grande rigidité de la membrane nid d’abeille eset une augmentation importante de la masse comparée à la membrane papier du 30Bz24 qui équipe les modèles 1 et 2. Cette masse est plutôt un inconvénient lorsqu’il s’agit d’asservir correctement le HP et de monter en fréquence dans les meilleures conditions (il s’agit d’un HP grave-medium). L’asservissement optimal d’une telle membrane (avec l’amélioration du médium qui va de pair) demande une puissance considérable, au détriment du niveau de sortie.

Pour garantir des niveaux élevés sans saturation avec le Pétrel 3, l’action de l’asservissement a été réduite.
Ainsi, le Pétrel 1, avec son 30 cm à membrane papier très légère, est sans doute une formule optimale pour l’exploitation de l’asservissement sans mettre à genoux l’amplification. Philippe a suggéré ici que le Pétrel M1 était probablement plus adapté à la reproduction de musique sur instruments naturels (classique, jazz, etc..) alors que les modèles 2 et 3, avec des taux d’asservissement réduits, peuvent encaisser de plus fortes puissances et conviennent ainsi beaucoup mieux à des enregistrements « de studio » plus comprimés (rock, variétés, etc..).

J’ouvre ici une parenthèse :
Comparons un enregistrement de musique classique à un enregistrement de musique de variété : par exemple, le Sacre du Printemps de Stravinski par L. Maazel et l’album de F. Cabrel « Des roses et des orties »* (deux disques que j’aime beaucoup, chacun dans leur genre). Si l’on mesure le niveau moyen du premier, on trouvera une valeur assez basse, mais avec des pointes de niveau très élevées (souvent un facteur supérieur à 10).
Dans le second album, ce rapport risque de tomber en dessous de 2 (compression de la dynamique pour que « ça passe » dans un environnement bruyant, voiture ou transports en commun) et si l’on cale le niveau pour obtenir un niveau réaliste sur la voix de Cabrel, il en résulte un niveau moyen bien plus élevé que ce que procure le Sacre du Printemps.

Ce type de comparaisons a été fait par Syber, graphiques à l’appui : ceux-ci illustreront au mieux mon propos :

viewtopic.php?f=29&t=9641#p165407Image

Les deux premières traces correspondent à de la musique chorale et orchestrale, respectivement. Ces enregistrement ne sont pas comprimés: le niveau moyen est faible, mais la dynamique très importante.

Les deux traces suivantes correspondent à des enregistrements de musique jazz et pop, comprimés (voire très comprimé pour le dernier). Le niveau moyen est très élevé, la dynamique très faible.
Notez que même à faible niveau, la compressio est délétaire pour l'audition: les cils qui permettent de transduire le message sonore en message nerveux n'ont pas de périoed de repos entre les stimulations succéssives ce qui provoque leur destruction à moyen terme. Par contre, on peut écouter les deux premiers enregistrements à niveau réel sans risque: les cretes sont très élevées mais hyper brèves: le systeme auditif a donc le temps de récupérer entre les impulsions 8)


A travers ces exemples, on peut comprendre qu’une enceinte asservie optimisée pour reproduire de la musique classique puisse être moins à l’aise avec des enregistrements « studio » de Rock qui demanderont des puissances moyennes très importantes; De fait, la réduction du taux d’asservissement dans les modèles ultérieurs a peut-être permis de répondre à la double contrainte de l’augmentation de masse des membranes, et de la nécessité de passer de forts niveaux moyens sans faire saturer le système sur de la musique plus comprimée.
Je referme la parenthèse.

Je n’ai jamais écouté d’enceintes de la série Pétrel, mais la qualité perçue par des oreilles fiables qui les utilisent au quotidien ont logiquement placé le Pétrel en tête de ma « short list » ; Reprenant la caisse du Clipper et du Yawl, cette enceinte ne pose aucun problème d’intégration dans ma pièce.

L’Eider
Il s’agit d’un modèle très séduisant, compact et qui a fait ses preuves à la Maison de la Radio, mais la limite dans l’exploration de l’extrême grave n’a pas fait, peut être à tort, de ce modèle une priorité pour mon projet.

*je viens de passer ce CD de F. Cabrel: les textes, les musiciens, la musique sont excellents, mais l'enregistrement est un massacre. C'est boursouflé dans le grave, éteint dans les medium, complètement comprimé j'ai cru que les enceintes étaient en panne! :berk: Par contre le Sacre passe magnifiquement! Un concert electro-acoustique de J. Baez passe très agréablement aussi!
Modifié en dernier par oso le ven. 19 mai 2017 23:09, modifié 10 fois.

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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par BowiePop »

Ce site fonctionne bien :

http://www.hostingpics.net

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

Merci :wink:

pleume
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par pleume »

très intéressant, surtout pour moi qui n'y connait rien aux anciennes Cabasse

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

pleume a écrit :très intéressant, surtout pour moi qui n'y connait rien aux anciennes Cabasse
Le protocole de "live music" qui a présidé à leur mise au point font qu'elles méritent vraiment qu'on s'y attarde :wink:

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

J'ai édité pour insérer des explications fournies par Philippe Muller, Chef Produit Cabasse de 1982 à 1996, au sujet des stratégies d'asservissement en fonction des modèles

Le Goéland
Il s’agit d’un modèle 4 voies qui reprend la structure générale bien connue de l’enceinte passive Galion (à partir du modèle IV). Sur le papier, cette enceinte remplit à peu près tous les critères du projet puisqu’elle s’apparente à un satellite 3 voies sans compromis (un 17 cm asservi associé au couple Dom13/Dom4) couplé à un caisson intégré (30 cm asservi).

Cette enceinte a connu plusieurs versions, au moins 4 depuis le Goéland 4VTA de 1979. Ce dernier ne doit pas être confondu avec le Goeland M4, très différent du modèle 4VTA.

Au sol, le Goéland occupe la même surface que le Yawl sur un pied ; l’intrusion dans l’espace domestique n’est donc pas un obstacle chez moi.

Comme les autres modèles de la gamme asservie, l’histoire du Goéland est bien moins linéaire que ce que la consultation des documents publicitaires suggère. On observe déjà une rupture entre le Goéland 4VTA et le Goéland M4 qui lui succède :

- augmentation notable de la puissance des amplificateurs embarqués (40 à 150W pour les grave et bas medium, de 20W à 80W pour les HP haut medium et aigus)
- Remplacement du 17 cm papier par un modèle bi-dome, très original, qui équipera aussi l’Albatros et le Brigantin.

Les modèles suivants présentent une évolution progressive qui aboutira au remplacement intégral des membranes de HP bas-medium et graves (bi-dôme et papier, respectivement) par des modèles nid d’abeille.

Comme je l’ai énoncé plus haut, cette évolution visible semble s’être accompagnée d’une diminution parallèle du taux d’asservissement pour assurer de hauts niveaux de sortie (peut être pour une meilleure compatibilité avec les enregistrements plus comprimés que les enregistrements de musique classique), mais également pour supporter la masse supérieure des membranes nid d’abeille, bien plus lourdes que les membranes précédentes et requérant des puissances considérables dans ce contexte. Les arguments sont ici les mêmes que ceux que j’ai présentés en ce qui concerne l’évolution du Pétrel.

J’ai été très intéressé par les Goéland M4 que Bernard Neveu utilise depuis 30 ans pour le contrôle de ses enregistrements. C’est l’une des raisons, mais pas la seule, qui a motivé ma visite en son auditorium en juin dernier : cette enceinte est un outil qui permet au preneur de son de confronter l’évènement sonore direct et sa reproduction. Elle représente ainsi une solution validée par la pratique pour un système Haute-Fidélité dans la pleine acceptation du terme.

Il me semble intéressant de se pencher sur la conception de ce modèle particulier dont on trouve une description fidèle dans le WikiCabasse : il s’agit de la documentation publicitaire double page archivée sous le nom de… Goéland… M3 ( ?) (Je me demande s’il n’y aurait pas une erreur dans le référencement par le Wiki, mais c’est un détail). Toujours est il que la paire de Goéland M4 qui trône dans mon séjour ressemble beaucoup à l'enceinte qui est présentée dans ce document, à l'architecture des cartes près:

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Cette enceinte est sortie aux alentours de 1984 ; les plans correspondants, que je possède, décrivent des circuits datés entre 1984 et 1987…

Passons à la description des HP :
L’aigu, au-dessus de 5,5 kHz est confié au Dom 4. Il s’agit d’un HP très classique chez Cabasse, avec un dôme de 2,5 cm de diamètre. Cette version, comparée aux Dom 3 et Dom 2, est très fortement motorisée. Le rendement est très élevé et la directivité très faible. Ce HP est alimenté, après filtrage, par un ampli de 80W.

En dessous de 5,5 kHz, on trouve le Dom 13; très semblable au Dom 4, il est équipé d’un très gros moteur et d’une membrane « mushroom » de 5 ,5 cm de diamètre associée à une bobine de faible diamètre, très légère; Là encore, haut rendement et très faible directivité sont les objectifs recherchés.

On peut se demander pourquoi Cabasse n’a pas choisi, pour accompagner le Dom4, le Dom12, comme dans la plupart des références passives (Caravelle, Yawl, Clipper, Colonne 100, Galion,…). La réponse réside sans doute dans la capacité d’accélération énorme du Dom13 ; ce HP à très haut rendement possède naturellement une réponse montante qu’il est très difficile d’égaliser avec les niveaux des autres HP dans une enceinte passive (à moins d’utiliser des résistances en série, ce que Cabasse a toujours exclu pour privilégier le meilleur amortissement possible du HP).
Ce problème n’existe plus en multiamplification active puisque le concepteur peut aligner à sa guise les niveaux à partir des amplificateurs intégrés en aval du filtre actif. Le Dom13 est le HP médium qui réalise ainsi la meilleure fusion possible avec le Dom4.

A noter que dans les modèles passifs, le moteur a été réduit afin de baisser le rendement, de linéariser la réponse et de l’étendre vers le bas pour favoriser la fusion avec les HP grave de 21 ou 30 cm : il s’agit du Dom 12 (qui est au Dom 13 ce que le Dom 2 est au Dom 4).

Voir ci-joint les fiches techniques des DOM 12 et 13:

DOM13
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DOM12
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Comme le Dom 4, le Dom 13 est alimenté par un amplificateur de 80W.

En dessous de 1000 Hz, on trouve un HP qui n’a eu qu’une durée de vie très courte chez Cabasse: le 17BDA ; Il s’agit d’un bi-dôme: deux dômes de diamètres différents collés entre eux. Cette structure présente une rigidité équivalente à celle du Nid d’abeille, mais avec une masse très inférieure.

Ce HP, qui peut monter haut sans fractionnement, fusionne idéalement avec le Dom13 égalisé en niveau par le filtrage actif, et facilite de par sa faible masse le contrôle par l’asservissement.

L’étude de la carte d’asservissement ci-dessous montre, comme l’indique la documentation mentionnée plus haut, que ce HP est asservi en vitesse et en accélération. Il est ainsi muni d’un capteur de pression piezo. Le HP est alimenté par un ampli de 150W.

La coupure basse du BD17A se manifeste vers 180 Hz, fréquence en deçà de laquelle on trouve un 30 cm papier de référence 30Bz24 alimenté lui aussi par un ampli de 150W.

A ma grande surprise, la documentation publicitaire et les plans montrent que l’asservissement ne se fait qu’en vitesse. Le HP, un 30Bz24, n’est donc pas équipé de capteur (contrairement au 30Bz24A du Pétrel M1 ; Il faudrait donc corriger le tableau du Wiki qui indique à tort l’utilisation du 30Bz24A dans les Goéland 4 et 5).

Le circuit d’asservissement utilise un « simulateur » : selon un banc d’essai (1979) de l’Eider, asservi en vitesse uniquement, et un article sur l’asservissement signé par F. Bellec, ce simulateur est en fait une bobine identique à celle qui équipe le HP ; le signal qui traverse la bobine du HP est en permanence comparé à celui de la bobine « simulatrice » idéale et les différences sont corrigées en temps réel. On remarquera que chacune des enceintes de cette gamme offre des stratégies d’asservissement différentes, au moins pour les modèles décrits dans les documentations des années 80 (les luxueuses «double pages » en papier glacé de l’époque !) :

Eider : Asservissement en vitesse uniquement pour le grave-medium
Pétrel : vitesse et accélération pour le grave-medium,
Goéland M4 : vitesse uniquement pour le grave, vitesse et accélération pour le bas medium (voir à ce sujet le plan de la carte d’asservissement du Goéland M4).
Albatros : double asservissement pour le grave et le bas medium.

Ces différences s'expliquent, selon Philippe, de la manière suivante:

"L'asservissement en vitesse est suffisant pour le grave. Dans cette zone la réponse aux transitoires n'est pas stupéfiante, loin s'en faut (dire d'un grave qu'il est rapide n'est pas sérieux puisqu'il est nécessairement lent). L'asservissement en accélération se justifie quand un HP travaille en plus large bande. L'accélération est fondamentale quand on veut monter en fréquence. Je crois que ce sujet est abordé dans Réflexions.... Le Pétrel et le Goéland sont donc cohérents.
Pourquoi l'Albatros bénéficie-t-il du double asservissement ? Parce que c'est la plus chère mais aussi parce que son équipage mobile est nécessairement plus lourd que celui du 30. "


Plan de la carte d'asservissement du Goéland M4:

Image

Sur le plan de l’électronique, on trouve plusieurs cartes pour l’alimentation générale, le filtre actif, le circuit d’asservissement et les 4 amplificateurs (J’insèrerai le plan de chacune des cartes dès que j’aurai trouvé un moyen de le faire). Toutes ces cartes sont enfichables pour faciliter la maintenance. J’ai rapidement fait une recherche sur les pièces sensibles comme les transistors : tout est actuellement disponible dans les catalogues des fournisseurs, et pour pas cher :-D

Edit: Voici le plan général du circuit des Goéland M4:

Image
Modifié en dernier par oso le jeu. 07 déc. 2017 09:40, modifié 24 fois.

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

Carte d'alimentation:

Image

carte du filtre/compresseur: on remarque qu'une commande activant un circuit de compression provient de la carte qui gère les les vu-mètres (vert: OK; Jaune: mi- puissance, rouge: écrêtage). Il est possible que ce circuit permette de comprimer le signal lorsqu'on dépasse la puissance maximum, afin d'éviter la destruction des HP. Un tel système équipera plus tard les amplis AM1000 de la marque.

Edit du 4 Janvier 2017

Image

Vu-metre, avec la commande vers le compresseur.

Image

Carte ampli (c'est le même schéma de base pour chacun des 4 amplis):

Image

Et voici les photos des cartes électroniques correspondantes:

Image

commande vu metre compresseur

Image

Filtre

Image

Asservissement

Image

Carte ampli voie grave

Edit du 4 Janvier
La comparaison des schémas et des cartes révèle une surprise, notamment pour le filtre et l'asservissement: alors que les plans indiquent des résistances (8) et des capacités (8) variables (composants barrés d'un flèche), on n'en trouve aucun sur les cartes elles mêmes. L'explication que je tiens de Philippe est la suivante:

Chaque enceinte était d'abord montée avec des composants ajustables, et ceux-ci étaient réglés par Cabasse pour que l'enceinte "colle" exactement aux caractéristiques voulues. Les valeurs étaient alors relevées, et des composants de valeurs fixes correspondant exactement aux valeurs nécessaires leur étaient ensuite substitués. Les résistances, condensateurs, inductances devaient donc provenir de stocks préalablement triés.

C'est pour cela que la destruction d'un HP nécessitait le retour en chambre sourde puisque ces valeurs intégraient la dispersion des caractéristiques des HP. Je serais curieux de savoir combien de temps prenait la mise au point d'une paire de Goëland. Il est vraisemblable que le prix très élevé de ces modèles tenait en grande partie au temps nécessaire à l'ajustement de chaque unité.

Le fait de remplacer les composants variables par des composants de valeurs fixes était aussi sans doute un moyen de garantir les caractéristiques sur le très long terme. Par ailleurs, aucun condo chimique, les plus sensibles au vieillissement, ne fait partie des composants ajustés. Il faut noter que d'une façon générale, on trouve très peu de condensateurs chimiques sur ces cartes.
Modifié en dernier par oso le mer. 18 oct. 2017 18:20, modifié 14 fois.

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

Edit: J'ai complété en insérant des explications que P. Muller m'a données au sujet de la multiamplification active

Du point de vue de la conception, le Goéland M4 semble atteindre, sur le papier, un optimum :

1) Exploitation dans les meilleures conditions des meilleurs HP possibles grâce à l’architecture active (alignement des niveaux de chaque HP individuellement sans détérioration des caractéristiques intrinsèques comme le ferait un filtre passif qui égaliserait les niveaux par l'emploi de résistances, au détriment de l'amortissement) ;

2) l’utilisation de membranes très légères dans les graves et les bas medium, compatibles avec un asservissement efficace.

Voici une justification de la multi amplification active "made in Cabasse" que Philippe m'a donnée lors de l'un de nos échanges:

"La multiamplification vue par Cabasse n'est pas du tout comparable à la multiamplification vue par les audiophiles; il ne faut jamais l'oublier. Chez Cabasse le but est de prendre des haut-parleurs les plus aboutis possible dans la bande de fréquence qui leur est dédiée, de ne pas se préoccuper du rendement et de la planéité de la réponse qui peut être montante, pourvu qu'elle soit régulière. Ainsi on peut associer des HP de 94dB de sensibilité avec d'autres de 98, ou plus ou moins, sans que cela pose problème puisque tout est rattrapé par l'électronique, ce qui est inenvisageable en passif; une enceinte comme la Pacific Evo reste une enceinte passive qui peut être rendue active mais pour un bénéfice nettement moindre. Tout juste profitera-t-on d'une séparation électrique totale entre les voies qui supprimera un léger flou aux fréquences charnières. Cela est très éloigné des bienfaits de l'actif made in Cabasse. Un Goéland n'est pas un super Galion mais une enceinte totalement différente, à l'exception de la caisse et du DOM4. Et puis il y a l'asservissement."

On peut en conclure que dans une enceinte passive, le constructeur choisit des HP forcément homogènes entre eux sur le plan du rendement, en faisant dans une certaine mesure des compromis sur leurs qualités intrinsèques: c'est pourquoi on ne trouve pas de DOM13 dans une passive par exemple (cf page précédente). Dans une active, la question des niveaux n'entre plus en jeu, seule l'excellence du comportement dans la bande donnée prévaut puisque l'électronique corrige à postériori (si ce n'est pas de la paraphrase :oops: ...)

On peut se demander pourquoi Cabasse n’a pas poursuivi dans cette voie, notamment en conservant pour cette série le bi-dôme pour le bas-médium (BD17A), et le papier pour le grave (à des fréquences où la membrane travaille de toute façon en piston !). En ce qui concerne le BD17a, je laisse à nouveau la parole à Philippe qui a comparé, au sein de l’Entreprise Cabasse, les bas medium papier, bi-dôme et nid d’abeille :

« Le bidôme est un HP assez extraordinaire qui n'a malheureusement pas survécu au nid d'abeilles et pourtant il lui était supérieur car largement aussi rigide mais plus léger. C'était le bas-médium idéal, assez léger pour être asservi, contrairement au nid d'abeille (NDA) qui mettait les amplis à genoux. Celui qui n'a jamais entendu ce HP ne peut imaginer le résultat. Son abandon a été une très mauvaise idée mais il n'était pas possible de le maintenir pour des raisons industrielles et commerciales. Le labo n'est pas parvenu à asservir les nids d'abeilles de manière aussi satisfaisante ».

Voici quelques photos du 17BDA1, de sa membrane étrange (métallisée et rainurée en ce qui concerne la coque intérieure, pente en noir mat côté externe), et du capteur de pression:

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En ce qui concerne le 30 cm papier, on peut supposer que le public n’aurait pas compris pourquoi une enceinte au prix stratosphérique (71000 francs pièce !) aurait conservé une membrane à priori « bas de gamme », alors qu’un Côtre, une Caravelle ou un Yawl, 10 à 15 fois moins chers, étaient apparemment mieux pourvus avec des membranes hi tech (nid d’abeille ou mousse alvéolaire)!

Toujours est-il que Bernard Neveu, dont l’intransigeance était connue et même… redoutée chez Cabasse, n’a jamais voulu changer ses Goeland M4 pour les modèles suivants qui sont tous passés dans son auditorium pour écoute critique. D’ailleurs, je crois savoir que Francois Bellec possède chez lui des Eider…et des Goéland M4, identiques à celles de Bernard Neveu.

L’ensemble de ces arguments a fortement contribué à me décider en faveur des Goéland M4 que Bernard Neveu proposait à la vente depuis longtemps. L’écoute que j’ai faite chez lui au printemps dernier n’a pas démenti les promesses d’une conception très optimisée.

Pour la petite histoire, c’est lors d’un concert d’orgue à la cathédrale de Reykjavik cet été que j’ai pris ma décision. Lorsque j’ai entendu la puissance du monumental orgue allemand, c’est l’expérience d’écoute des Goéland chez M. Neveu qui m’est revenue immédiatement à l’esprit ! Je précise que B. Neveu est sans doute le plus grand spécialiste de l’enregistrement d’orgues en Europe. Il est d’ailleurs le beau-frère de Marie-Claire Alain, la grande organiste. Il est sans doute le seul preneur de son capable d’accorder l’instrument. Cela vous laisse imaginer le niveau d’exigence pour la restitution du registre grave et sous-grave, et de tout le reste d’ailleurs!

Pour en revenir à ces enceintes, il faut ajouter que le modèle de B. Neveu est particulier. Il a été ajusté au-delà des standards de la série par François Bellec en personne. Il est donc différent des Goéland M4 de série avec une optimisation encore plus poussée.

Après avoir évalué le potentiel énorme de ces enceintes dans l’auditorium de son propriétaire, ma crainte était de découvrir une incompatibilité avec ma pièce d’écoute, moins haute, et d’une surface deux fois moins grande. En effet, son auditorium mesures 60 m2, avec un plafond à 3 m ou plus, alors que mon séjour présente une surface d’environ 30 m2 et un plafond de 2,50.
Modifié en dernier par oso le jeu. 05 janv. 2017 21:43, modifié 17 fois.

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

M. Neveu a tenu à venir me livrer et installer les enceintes lui-même chez moi pour vérifier que tout se passerai bien du côté des électroniques et intégration dans la pièce avec ses propres enregistrements comme point de repère. Difficile d’espérer des conditions plus favorables pour la mise en œuvre d'une chaîne Haute Fidélité….

Dès son entrée chez moi, B. Neveu a donné son avis quant à l’acoustique du lieu : la salle est plus agréable que ce à quoi il s’attendait : ouvert sur les autres pièces de l’appartement, le séjour est « acoustiquement » plus vaste que ce que les mesures laissaient prévoir. Il note la présence d’une résonance vers 150 Hz et prévient qu’il faudra faire attention au plafond pour éviter de « ramasser » des réflexions trop importantes de ce côté. Il me suggère la pose de poutres….mais convient du désaccord esthétique vraisemblable avec le style de l’appartement… En prévision des effets néfastes du plafond bas et lisse, il recommande de ne pas faire usage des supports de 30 cm de haut qu’il a amenés avec les Goéland et qu’il utilisait dans son auditorium. Nous testerons donc les enceintes posées à même le sol.

B. Neveu me propose d’essayer les enceintes à la place que j’avais déterminée pour les Yawl (décollées des murs arrière et latéraux, s éparées d’environ 2,8 m : voir photo) et me conseille d’éliminer tout raccordement à la terre comme F. Bellec le lui avait formellement recommandé. Des expériences réalisées plus tard m’ont démontré le bien-fondé de ce conseil : reliées à la terre, un ronflement se fait entendre, ainsi qu’une légère bouillie HF dans les tweeters. Sans terre, les enceintes sont silencieuses.

Le raccordement au pré ampli (un Threshold T3i) se fait par des câbles micro de qualité professionnelle en asymétrique (15 m de longueur, 30 euros pour les 2 canaux avec prises Neutrik chez mon électronicien), toujours selon les recommandations de F. Bellec.

Pour les tests, il a apporté la maquette d’une large compilation de son catalogue sur laquelle il travaille. Le répertoire d’orgue est à l’honneur, ainsi que la musique ancienne, les formations symphoniques, la musique chorale, la musique de chambre.

Il faut noter ici le soin apporté au réglage du volume : entre chaque extrait, M. Neveu me demande de le corriger pour restituer un niveau réaliste ; je suis satisfait de constater que mon appréciation du volume sonore pour obtenir la meilleure restitution correspond à la sienne !

Nous avons commencé par une œuvre pour orgue enregistrée à Forcalquier (Buxtehude) dont j’avais fait la terrible expérience dans son vaste auditorium (c’est-à-dire l’ampleur et de la profondeur du grave !….). Et le miracle s’est reproduit chez moi : Une image pleine, vaste, un grave profond, d’une puissance et d’une aération incroyables. Et lorsque le 16’ entre en jeu, cela passe de façon magistrale !

Nous enchainons avec le Berry Hayward Consort, et son spectaculaire solo de percussions que beaucoup d’entre nous possèdent sur les CD test de la Revue du son (ou en version intégrale bien sûr). J’ai longtemps voulu connaitre le « bon niveau » pour écouter cette plage : Bernard règle lui-même pour retrouver ses marques : Le réalisme, la dynamique, la profondeur et l’image finissent de nous convaincre que les Goéland « fonctionnent » parfaitement chez moi. Je dois même avouer que je suis surpris de la facilité avec laquelle nous avons obtenu ce résultat. Peut-être que, moins hautes que les Yawl qui s’élevaient à 1,30 sur leurs pieds de 45 cm, les Goéland excitent-elles moins le plafond. J’ai prévu de me livrer à des essais comparatifs avec les Yawl sur des pieds de 30cm pour évaluer tout cela.

Nous avons ainsi passé plusieurs heures à écouter les extraits qui défilaient au gré des envies. Ecouter de la musique avec Bernard Neveu est une expérience stimulante : il « raconte » avec énormément d’enthousiasme ses enregistrements dont il a une mémoire incroyable !

Je ne décrirai pas en détail chacun des passages écoutés ce jour-là, mais je ferai une comparaison plus tard avec le Yawl.

D’une façon générale, les Goéland permettent de vivre une expérience intégrale en ajoutant aux qualités des Yawl une extension dans le grave qui rapproche vraiment l’auditeur de l’expérience ressentie dans une salle de concert symphonique.
S’ajoute à cette perception très physique une intégration de l’ensemble des registres qui va au-delà de ce que propose le Yawl.
La restitution est extrêmement vive, très détaillée mais avec une impression de précision veloutée qui renforcent encore l’impression de vivre le direct. L’écoute d’un grand piano de concert bien enregistré est parlante sur ce point.

C’est peu de dire que je suis comblé. Sur les enregistrements de Bernard Neveu et de Philippe Muller qui respectent le principe de Huygens, l’impression d’image en volume de l’espace, déjà perceptible avec le Yawl, se double d’une sensation physique jouissive. Les enregistrements multi micro plus habituels paraissent alors jolis, mais bien « plats ».

En ce qui concerne la puissance acoustique, j’ai passé des messages extrêmement violents à niveau réaliste (Sacre du Printemps, orgue, percussions de folie) sans que les loupiottes jaunes ne s’allument (ce qui veut dire que la moitié de la puissance n’a jamais été atteinte sur les crêtes). Je me souviens d’un CR de Goéland V, équipées du nid d’abeille dans le bas medium dans lequel l’auditeur signalait que l’ampli allait souvent à la saturation (diode rouge !) : peut-être s’agissait-il d’une manifestation de la difficulté d’asservissement des membranes lourdes ?
Modifié en dernier par oso le ven. 19 mai 2017 23:21, modifié 4 fois.

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Jonathans
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par Jonathans »

Très beau CR ! on apprend pleins de choses ! je pensais que le BD17A était par exemple dans une structure nid d'abeille :chaise::

oso
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par oso »

Jonathans a écrit :Très beau CR ! on apprend pleins de choses ! je pensais que le BD17A était par exemple dans une structure nid d'abeille :chaise::
Merci. A la relecture c'est un peu long j'en suis désolé :oops: mais d'un autre côté c'est pas tous les jours qu'on peut mettre la main sur de tels "collectors " :-D
Modifié en dernier par oso le dim. 29 janv. 2017 22:16, modifié 1 fois.

pascalg62
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Re: Installation d'une paire de Goéland M4

Message par pascalg62 »

super content pour toi, c'est passionnant de te lire
c'est toujours un pari de faire fonctionner de telles enceintes dans 30m²
manque plus que des photos...

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