J'ai édité pour insérer des explications fournies par Philippe Muller, Chef Produit Cabasse de 1982 à 1996, au sujet des stratégies d'asservissement en fonction des modèles
Le Goéland
Il s’agit d’un modèle 4 voies qui reprend la structure générale bien connue de l’enceinte passive Galion (à partir du modèle IV). Sur le papier, cette enceinte remplit à peu près tous les critères du projet puisqu’elle s’apparente à un satellite 3 voies sans compromis (un 17 cm asservi associé au couple Dom13/Dom4) couplé à un caisson intégré (30 cm asservi).
Cette enceinte a connu plusieurs versions, au moins 4 depuis le Goéland 4VTA de 1979. Ce dernier ne doit pas être confondu avec le Goeland M4, très différent du modèle 4VTA.
Au sol, le Goéland occupe la même surface que le Yawl sur un pied ; l’intrusion dans l’espace domestique n’est donc pas un obstacle chez moi.
Comme les autres modèles de la gamme asservie, l’histoire du Goéland est bien moins linéaire que ce que la consultation des documents publicitaires suggère. On observe déjà une rupture entre le Goéland 4VTA et le Goéland M4 qui lui succède :
- augmentation notable de la puissance des amplificateurs embarqués (40 à 150W pour les grave et bas medium, de 20W à 80W pour les HP haut medium et aigus)
- Remplacement du 17 cm papier par un modèle bi-dome, très original, qui équipera aussi l’Albatros et le Brigantin.
Les modèles suivants présentent une évolution progressive qui aboutira au remplacement intégral des membranes de HP bas-medium et graves (bi-dôme et papier, respectivement) par des modèles nid d’abeille.
Comme je l’ai énoncé plus haut, cette évolution visible semble s’être accompagnée d’une diminution parallèle du taux d’asservissement pour assurer de hauts niveaux de sortie (peut être pour une meilleure compatibilité avec les enregistrements plus comprimés que les enregistrements de musique classique), mais également pour supporter la masse supérieure des membranes nid d’abeille, bien plus lourdes que les membranes précédentes et requérant des puissances considérables dans ce contexte. Les arguments sont ici les mêmes que ceux que j’ai présentés en ce qui concerne l’évolution du Pétrel.
J’ai été très intéressé par les Goéland M4 que Bernard Neveu utilise depuis 30 ans pour le contrôle de ses enregistrements. C’est l’une des raisons, mais pas la seule, qui a motivé ma visite en son auditorium en juin dernier : cette enceinte est un outil qui permet au preneur de son de confronter l’évènement sonore direct et sa reproduction. Elle représente ainsi une solution validée par la pratique pour un système Haute-Fidélité dans la pleine acceptation du terme.
Il me semble intéressant de se pencher sur la conception de ce modèle particulier dont on trouve une description fidèle dans le WikiCabasse : il s’agit de la documentation publicitaire double page archivée sous le nom de… Goéland… M3 ( ?) (Je me demande s’il n’y aurait pas une erreur dans le référencement par le Wiki, mais c’est un détail). Toujours est il que la paire de Goéland M4 qui trône dans mon séjour ressemble beaucoup à l'enceinte qui est présentée dans ce document, à l'architecture des cartes près:
Cette enceinte est sortie aux alentours de 1984 ; les plans correspondants, que je possède, décrivent des circuits datés entre 1984 et 1987…
Passons à la description des HP :
L’aigu, au-dessus de 5,5 kHz est confié au Dom 4. Il s’agit d’un HP très classique chez Cabasse, avec un dôme de 2,5 cm de diamètre. Cette version, comparée aux Dom 3 et Dom 2, est très fortement motorisée. Le rendement est très élevé et la directivité très faible. Ce HP est alimenté, après filtrage, par un ampli de 80W.
En dessous de 5,5 kHz, on trouve le Dom 13; très semblable au Dom 4, il est équipé d’un très gros moteur et d’une membrane « mushroom » de 5 ,5 cm de diamètre associée à une bobine de faible diamètre, très légère; Là encore, haut rendement et très faible directivité sont les objectifs recherchés.
On peut se demander pourquoi Cabasse n’a pas choisi, pour accompagner le Dom4, le Dom12, comme dans la plupart des références passives (Caravelle, Yawl, Clipper, Colonne 100, Galion,…). La réponse réside sans doute dans la capacité d’accélération énorme du Dom13 ; ce HP à très haut rendement possède naturellement une réponse montante qu’il est très difficile d’égaliser avec les niveaux des autres HP dans une enceinte passive (à moins d’utiliser des résistances en série, ce que Cabasse a toujours exclu pour privilégier le meilleur amortissement possible du HP).
Ce problème n’existe plus en multiamplification active puisque le concepteur peut aligner à sa guise les niveaux à partir des amplificateurs intégrés en aval du filtre actif. Le Dom13 est le HP médium qui réalise ainsi la meilleure fusion possible avec le Dom4.
A noter que dans les modèles passifs, le moteur a été réduit afin de baisser le rendement, de linéariser la réponse et de l’étendre vers le bas pour favoriser la fusion avec les HP grave de 21 ou 30 cm : il s’agit du Dom 12 (qui est au Dom 13 ce que le Dom 2 est au Dom 4).
Voir ci-joint les fiches techniques des DOM 12 et 13:
DOM13
DOM12
Comme le Dom 4, le Dom 13 est alimenté par un amplificateur de 80W.
En dessous de 1000 Hz, on trouve un HP qui n’a eu qu’une durée de vie très courte chez Cabasse:
le 17BDA ; Il s’agit d’un bi-dôme: deux dômes de diamètres différents collés entre eux. Cette structure présente une rigidité équivalente à celle du Nid d’abeille, mais avec une masse très inférieure.
Ce HP, qui peut monter haut sans fractionnement, fusionne idéalement avec le Dom13 égalisé en niveau par le filtrage actif, et facilite de par sa faible masse le contrôle par l’asservissement.
L’étude de la carte d’asservissement ci-dessous montre, comme l’indique la documentation mentionnée plus haut, que ce HP est asservi en vitesse et en accélération. Il est ainsi muni d’un capteur de pression piezo. Le HP est alimenté par un ampli de 150W.
La coupure basse du BD17A se manifeste vers 180 Hz, fréquence en deçà de laquelle on trouve un 30 cm papier de référence
30Bz24 alimenté lui aussi par un ampli de 150W.
A ma grande surprise, la documentation publicitaire et les plans montrent que l’asservissement ne se fait qu’en vitesse. Le HP, un 30Bz24, n’est donc pas équipé de capteur (contrairement au 30Bz24A du Pétrel M1 ; Il faudrait donc corriger le tableau du Wiki qui indique à tort l’utilisation du 30Bz24A dans les Goéland 4 et 5).
Le circuit d’asservissement utilise un « simulateur » : selon un banc d’essai (1979) de l’Eider, asservi en vitesse uniquement, et un article sur l’asservissement signé par F. Bellec, ce simulateur est en fait une bobine identique à celle qui équipe le HP ; le signal qui traverse la bobine du HP est en permanence comparé à celui de la bobine « simulatrice » idéale et les différences sont corrigées en temps réel. On remarquera que chacune des enceintes de cette gamme offre des stratégies d’asservissement différentes, au moins pour les modèles décrits dans les documentations des années 80 (les luxueuses «double pages » en papier glacé de l’époque !) :
Eider : Asservissement en vitesse uniquement pour le grave-medium
Pétrel : vitesse et accélération pour le grave-medium,
Goéland M4 : vitesse uniquement pour le grave, vitesse et accélération pour le bas medium (voir à ce sujet le plan de la carte d’asservissement du Goéland M4).
Albatros : double asservissement pour le grave et le bas medium.
Ces différences s'expliquent, selon Philippe, de la manière suivante:
"L'asservissement en vitesse est suffisant pour le grave. Dans cette zone la réponse aux transitoires n'est pas stupéfiante, loin s'en faut (dire d'un grave qu'il est rapide n'est pas sérieux puisqu'il est nécessairement lent). L'asservissement en accélération se justifie quand un HP travaille en plus large bande. L'accélération est fondamentale quand on veut monter en fréquence. Je crois que ce sujet est abordé dans Réflexions.... Le Pétrel et le Goéland sont donc cohérents.
Pourquoi l'Albatros bénéficie-t-il du double asservissement ? Parce que c'est la plus chère mais aussi parce que son équipage mobile est nécessairement plus lourd que celui du 30. "
Plan de la carte d'asservissement du Goéland M4:
Sur le plan de l’électronique, on trouve plusieurs cartes pour l’alimentation générale, le filtre actif, le circuit d’asservissement et les 4 amplificateurs (J’insèrerai le plan de chacune des cartes dès que j’aurai trouvé un moyen de le faire). Toutes ces cartes sont enfichables pour faciliter la maintenance. J’ai rapidement fait une recherche sur les pièces sensibles comme les transistors : tout est actuellement disponible dans les catalogues des fournisseurs, et pour pas cher
Edit: Voici le plan général du circuit des Goéland M4: