J'aime bien cette question car elle a motivé en partie ma volonté d'acquérir les C-100 pour les comparer aux autres
Ce qui rapproche ces enceintes, et j'inclue les Yawl dans l'échantillon, c'est la capacité à donner l'impression que les musiciens sont derrière le plan des enceintes (je parle bien sur de prises de son irréprochables, avec des instruments naturels). Cela passe par la "rapidité", et le naturel des timbres. On est loin devant mon casque Stax Omega sur ces critères, c'est dire...
Les Colonne 100 et les Yawl sont vraiment très, très proches, voire indiscernables (!) lors d'une comparaison "à la volée" et j'ai prévu des écoutes comparatives plus poussées pour caractériser des différences, car elles ne sautent pas aux oreilles, loin de là!
Les Goélands sont bien de la même famille et la "couleur" du piano est de la même veine que ce qu'on obtient avec les Colonne 100 ou les Yawl. Même constat avec un quatuor, avec Brassens, et duo piano-voix, etc..... Pas de frustration lorsqu'on passe des unes à l'autre.
Les différences existent cependant et sont, il me semble de 3 ordres:
1- la puissance et l'extension dans le grave dès qu'il s'agit de reproduire un grand orchestre symphonique ou bien des grandes grandes orgues à niveau réaliste. Les Yawl n'apportent pas tout le soutien nécessaire (mais sont tout de même royales sur les impacts), et les Colonne 100 ne peuvent pas suivre en niveau
dans les cas extrêmes (le 21M18c peut talonner).
En gros, les Goeland permettent d'envoyer les grandes orgues de la cathédrale d'Uppsala comme si on se trouvait devant (je vous conseille le dernier disque Syrius "Grandes Orgues Ruffatti de la Cathédrale d'Uppsala, Domenico severin, SYR 141479
), alors que les petites sœurs ne peuvent plus suivre en niveau (Colonne 100) et en extension dans le bas (Yawl).
Il faut tout de même relativiser, car les Colonne 100, qui sont branchées en ce moment, sont tout de même impressionnantes si on reste raisonnable sur le bouton de volume. D'ailleurs, les percussions enregistrées par Philippe Muller pour l'un des CD tests Diapason passent d'une façon magistrale (quelle sécheresse dans les attaques, quelle précision dans la définition des timbres, quelle transparence!)
2- La précision du haut-grave/medium qui est hors concours avec les Goeland. ce n'est pas facile à décrire avec des mots. Philippe avait parlé de "précision veloutée", et ça correspond bien à ce que je ressens. Les C-100 présentent un "piqué" comparable aux Goéland, mais ces dernière apportent un "modelé" supérieur, si l'on compare à la photo.
3- La sensibilité au local. C'est un point délicat à aborder car je n'ai que les résultats de mes essais pour faire des hypothèses. Je pense que le rapport entre rayonnement dans l'axe et la puissance totale rayonnée est différent entre d'une part les Goeland, et d'autre part les Yawl/Colonne 100. Je trouve les premières moins sensibles au local que les secondes, si l'on excepte le grave bien sûr. Les passives versent tout de suite dans l'aigre et le déséquilibre lorsque la salle s'éclairci (imaginez mon salon bien rangé et sans rideaux, tapis...), alors que les Goeland restent confortables. Peut etre que l'extension permise par les Goeland dans le grave participe à cet effet, mais je pense que le rayonnement joue aussi. Les protocoles de mise au point ont évolué entre ces différentes générations. Ainsi, les Yawl/C-100 sont plus montantes dans l'axe. Peut être que l'utilisation des semi-paramétriques des AM-1000 pour adapter les haut du spectre à la pièce réduirait ces différences, mais je ne l'ai pas encore tenté.
Bien sûr, les Goéland réclament les mêmes égards en ce qui concerne l'ambiance de la salle, mais c'est plus prononcé, plus drastique avec les Yawl/C-100. Lorsque la salle est très agréable acoustiquement, la restitution offerte par les Yawl et les C-100 se rapprochent de Goéland, tant qu'on reste sur des programmes qui n'explorent pas les tréfonds du grave.
Pour aller plus loin dans cette comparaison, il faudrait compléter les passives par des caissons
Lorsque toutes les conditions sont réunies, ces 3 enceintes convergent vers une restitution hyper réaliste, très naturelle.
Elles me font penser à une optique Leica qui procure des images saisissantes de naturel et de précision lorsque la mise au point est parfaite: le fil du rasoir qui fait passer du mauvais à l’émerveillement lorsque tout devient optimal, de la prise de son à la pièce.
En comparaison, les autres systèmes que je connais bien me font penser à des appareils réglés sur l'hyperfocale, avec des optiques molles: pas de risques de se louper complètement, mais pas de quoi s'émerveiller non plus.
Je termine sur une anecdote: suite à l'écoute d'une sonate pour piano et violon de Beethoven (Kreutzer) à niveau réaliste sur les Colonne 100, ma femme, qui a flashé sur l'élégance de ces dernières, s'est demandée pourquoi on ne les gardait pas dans le séjour "à la place des grosses"
(Non mais ça va pas non?
)